Après un vol sans encombres jusqu'à Fortaleza, nous retrouvons à Cumbuco (30 kms au nord de la capitale cearense) notre chauffeur Nenê (pas de lien de famille avec le footeux du PSG, non ;) et son buggy qui semble avoir déjà bien roulé sur les routes cabossées de la côte du Ceara. Direction le petit village de Guajiru, à 80 kms plus au nord, sa belle plage, ses nombreux pêcheurs qui s'agitent consciencieusement à la claire lumière du matin, et son eco-resort ma foi fort recommandable. Les premières jangadas (ces bateaux traditionnels des pêcheurs du Ceara, tellement typiques) sont croisées, échouées le long de la côte tels de paisibles mammifères marins. La pêche a été fructueuse ce matin, et le déjeuner sera évidemment le moment choisi pour déguster l'une de ces magnifiques prises...dont je ne me souviens malheureusement plus le nom !
La route se poursuit sur cette côte splendide, aux plages immenses et désertes, entrecoupées de ruisseaux traversés prudemment par Nenê et son buggy amphibie. De temps à autre, vient la nécessité de prendre un bac de fortune pour franchir une rivière plus imposante que ces inoffensifs rus. Le village de Mundau au pied de la dune qui surplombe le rio en question semble être un havre de paix hors du temps. Les éoliennes au loin nous préviennent que nous arrivons à Icarai de Amontada, nouvelle étape dans notre remontée vers Jeri. Plage superbe, Icarai est un spot très apprécié des kitistes (?) du Brésil et d'ailleurs. Son petit cimetière est une vraie particularité : quelques tombes blanches, éparses, au milieu de l'étendue de sable.
Et puis nous arrivons, enfin, heureux et transis (ah non pas transis en réalité ;), sur le lieu qui doit être l'acmé de notre séjour : un nom compliqué et déjà mythique, une plage reconnaissable entre milles, avec sa dune en perpétuelle évolution, ses dizaines (voire centaines) de pousadas qui rivalisent de charme et invitent à l'ataraxie, ses chevaux et ses ânes paissant librement aux quatre coins du village, ses quelques kite-surfers (on est hors-saison) qui cherchent vainement à remonter un vent fatigué. Je veux bien entendu vous parler de Jericoacoara, Jeri pour les intimes et les connaisseurs. Un ancien village de pêcheurs qui est aujourd'hui l'un des hauts lieux de l'éco-tourisme au Brésil, avec sa plage magnifique que l'ensemble des guides classent dans le Top 5 des baies du pays. Et c'est vrai que l'on s'y sent tout de suite bien, que les balades le long de cette plage sans fin sont un perpétuel délice, que les eaux chaudes en toute saison qui viennent doucettement vous lécher les pieds quand vous batifolez au pied de l'incontournable dune sont une invitation à la glande suprème...Bien sûr la mer elle-même n'a rien des Maldives ou même des Caraïbes, elle reste trouble et finalement peu avenante. Mais le cadre naturel reste somptueux, les cearenses du coin sont des amours (quoique d'un port plus altier que nos cariocas), les restaurants sont légion (essayez la diabolique moqueca du Carcara, rua do Forro, mais évitez le tape-à-l'oeil Tamarindo, au ramage bien moins avenant que le plumage) et les activités sont nombreuses, entre balade tranquille de bord de plage jusqu'à la célèbrissime Pedra Furada, excursions buggyesque du côté des dunes de Tabajara ou des lagunes d'eau douce du Paraiso ou Azul, grimpette sur la dune lorsque le soleil darde ses derniers rayons, ou encore impressionnante démonstration de capoeira à même la plage centrale de Jeri (voyez la vidéo !). Et puis que dire de nos deux derniers jours, passés tout près de Jericoacoara, dans le village (de pêcheurs, une fois n'est pas coutume) de Prea, au sein d'un somptueux éco-lodge répondant au doux nom de Rancho do Peixe ?...Que dire au total sinon que nous avons encore une fois pu apprécié la chance de séjourner durablement dans ce pays, d'en découvrir quelques-unes de ces mille facettes, d'en aimer plus encore sa douceur de vivre et son atmosphère enchanteresse ? J'en deviens lyrique presque, voire obséquieux, je vais donc m'arrêter là :)