L’automne commençait tranquillement à montrer ces couleurs dans les racines de la belle Marguerite. La brise soufflait dans ces pétales blancs. Le vent était bon et juste assez frais. Se laissant bercer aux grés de l’humeur des cieux, la Marguerite respirait encore les doux parfums qui s’étaient laissés transporter jusqu’à elle.
Ce beau temps, les chauds rayons du soleil et ce vert tendre dans le regard de la fleur tendait à s’effacer tranquillement. Marguerite qui avait déjà été si rayonnante commençait pourtant à se faner. Ces voisines qui étaient bien occupées à jaser avec le pommier en fleurs et le rosier coloré ne voyaient pas que le temps s’assombrissait au-dessus de Marguerite qui perdait chaque jour de son éclat et ce, même si la prairie où elle se trouvait restait vigoureuse et éclatante.
Un jour, la fleur remarqua que c’était son regard qui avait perdu son étincelle. Sans comprendre tout et pourquoi, elle était épuisée. Étourdie par le butinement des abeilles tout autour, elle ne rêvait que d’une chose. Fermer les yeux. Ne plus entendre, ne plus penser, dormir… pour toujours.
À quoi bon rester debout avec tout ce poids sur les pétales. Comme le gazon doit être confortable se dit-elle. Adieu mes deux petites marguerites, j’espère que mon pollen, qui a provoqué votre naissance, ne vous aura pas transmis cette vision embrumée qui m’empêche de m’épanouir aujourd’hui. Adieu mon amoureux, ton cœur jaune soleil, qui a fait naitre autrefois ces petits papillons en moi, va peut-être me manquer là-haut, mais à ce qu’on dit quand on est mort, on repose en paix. Elle tenta de provoquer sa fanaison et chercher le repos éternel.
Comme l’eau, la chaleur et le soleil sont les alliés de la fleur, elle fût sauvée avant de traverser l’irréversible. Aujourd’hui, avec l’aide d’engrais, d’écoute et d’amour, Marguerite vit heureuse et entourée des siens. Quand elle repense à l’année dernière, elle ne peut que remercier le ciel de ne pas avoir réussi son pacte avec la mort. Elle sait maintenant que même si son cœur s’effrite, il y aura toujours un allié pour panser les plaies et lui redonner le courage, le courage de vivre.
FIN
Cette petite fleur fragile, c’est ma belle marraine. Merci de m’avoir permis de raconter ton histoire et surtout de m'inciter à parler du suicide dans mon blogue. J'ai failli manquer de courage, mais grâce à toi je l'ai fait Qui sait? Ce conte aura peut-être permis de sauver une autre petite Marguerite.
Le suicide ne devrait pas être d’actualité qu’une semaine par année, il FAUT en parler pour que les tabous se brisent. Les gens qui cherchent leur fin ne devraient plus avoir peur d'être jugés. Il y a de l’aide, des ressources. Il n’y a pas qu’une solution, il y en a plusieurs…