André Stocchetti. Fluturiste.
Paris. Le Sentier des Halles.
Dimanche 27 février 2011. 17h30.
André Stocchetti : flûtes, chant, conte, danse, compositions, arrangements, électronique, textes, scat, percussions corporelles.
Il y a un homme avec une collection de flûtes droites, une machine, deux micros. Cet homme, c’est André Stocchetti dit le Fluturiste (allusion au futurisme, mouvement culturel italien né dans un article du Figaro du 20 février 1909 de Filippo Tomaso Marinetti pour ceux qui ne connaissent pas. Pardon pour ceux qui connaissent). Avec ces éléments, il fait un spectacle total.
Cela commence par une série d’aphorismes, des boucles rythmiques, du scat. C’est un spectacle qui marche très bien avec les enfants et les adultes qui ont su garder leur âme d’enfant. Je commence à connaître les trucs mais ça marche toujours. Je vous laisse les découvrir lors du spectacle.
Un morceau d’inspiration baroque (sa musique d’origine, son univers d’aujourd’hui). « Mignonne allons voir si la rose » de Ronsard. Une jolie façon de réviser ses classiques de la poésie, André Stocchetti.
Il enchaîne avec la chanson d’un amant négligé, toujours dans le style du XVIe siècle, au son modernisé.
« Le temps » une chanson qui fait rire les jeunes filles. Conseil aux jeunes garçons : emmenez les jeunes filles aux concerts d’André Stocchetti. Effet assuré. J’entends passer le métro, dragon souterrain parisien. Il reste au Fluturiste à jouer avec lui. Un petit garçon s’est assis par terre pour mieux écouter la musique. Chanson effrénée qui court du temps au temps retrouvé. Solo de flûte intergalactique qui nous fait voyager à travers le temps et l’espace. L’hélicoptère à la flûte, le sabre laser même.
Retour au naturel avec un solo de petite flûte à bec vif, léger, rapide comme un chant d’oiseau. Un spectateur bat la mesure sur son banc. Beau numéro de virtuosité avec de l’âme.
S’ensuit une histoire sicilienne que vous irez découvrir au spectacle d’André Stochhetti. Avec un air de tarentelle. Puis un beau poème nostalgique bercé par les flûtes.
« Une chanson de rien ». C’est un mambo. Petit air entraînant et paroles faussement idiotes. Cela pourrait devenir un tube si l’industrie du spectacle le voulait.
Chanson politique d’Henri Michaux « Soyons enfin clairs ». Un bijou d’esprit, de finesse et de complexité. André joue avec son corps, tapant sur ses cuisses et ses joues pour marquer la mesure du chant.
Introduction avec la plus grande flûte, la plus grave. Une chanson sur la mort. Un sujet difficile, rare, traité avec finesse et élégance. La mort, le seul sujet selon Louis Ferdinand Céline.
Superbe version du poème de Clément Marot « Adieu la cour, adieu les dames », mélange fracassant du XVIe et du XXIe siècle. La musique vient de Clément Ortiz, un Catalan du XVIe siècle. Il a fallu attendre le XXIe siècle pour que les deux Clément, Marot et Ortiz, se rencontrent grâce à André Stocchetti. Cela valait la peine d’attendre. Un solo de guitare électrique à la flûte à bec, c’est la magie de la technologie. On est loin de cours de solfège au collège. Il va jusqu’à citer le « Star Spangled Banner » tel que le jouait Jimi Hendix au Monterey Pop Festival en 1967.
Même la présentation de l’équipe de cet homme seul sur scène fait partie du spectacle.
Jacques Prévert « Le concert n’a pas été réussi ». Allez au concert d’André Stocchetti pour en juger.
Le Fluturiste nous présente différents types de bis pour s’arrêter au bis « Règlement de comptes ». Il s’agit de passer en revue les manies et les tics des musiciens d’un orchestre classique. Un vrai régal.
Ceux qui n’ont pas encore profité de ce phénomène scénique, rythmique, lyrique, poétique peuvent aller au Sentier des Halles le samedi 12 et le samedi 26 mars 2011 à 20h pour les prochains concerts d’André Stocchetti. Amenez amis, amants, amantes, épouses, maris, voisins, cousins, enfants petits et grands, Germains, Italiens bref tous ceux désireux d’être enchantés, amusés, émerveillés, émus par la magie des sons et des mots du Fluturiste.