Vendredi soir, le monde du Cinéma français a récompensé ses pairs. Parmi les films en compétition, certains ont débuté leur carrière par une projection officielle au dernier festival de Cannes. Les prix attribués correspondent-ils aux critiques que nous avions partagées avec vous en mai dernier ? Retour sur le palmarès...
Si Des hommes et des dieux, le grand favori de la soirée, n’a décroché « que » 4 césars sur les 11 prix pour lesquels il concourait, c’est que le film de Xavier Beauvois a dû faire face au Ghost Writer de Roman Polanski. Il est clair que l’académie a été touchée par ces 2 films, et à l'arrivée les votes sont assez bien répartis : 4 césars donc pour Des hommes et des dieux, dont celui du meilleur film, 3 césars pour The Ghost Writer dont meilleur réalisateur pour Roman Polanski, grand ami de Xavier Beauvois (le monde est petit, celui du cinéma encore plus !). Même si The Ghost Writer n’était pas en compétition à Cannes, il y a un lien avec le dernier Festival… Lequel me direz-vous ? Au travers du césar de la meilleure musique, composée par Alexandre Desplat, membre du Jury de Tim Burton en mai dernier (quand je vous dis que le monde est petit, il faut me croire :-)
L'équipe des Hommes et des Dieux sur les marches du Palais des Festival
Si l’on peut vraiment regretter que Lambert Wilson rate pour la 6e fois la statuette du meilleur acteur, quelle joie de voir l’immense Michael Lonsdale enfin récompensé (césar du meilleur second rôle masculin). A près de 80 ans, ses premiers mots ont été "Ah petit coquin, tu en as mis du temps !", ajoutant un émouvant "Mieux vaut tard que jamais". Alors que Des hommes et des dieux avait divisé l’équipe de Cannes de Live, pour ma part j’avais été touché par les acteurs, au point d’espérer pour eux un prix d’interprétation collectif, ou au moins un prix pour le duo Michael Lonsdale/Lambert Wilson. A l’époque il n’en fut rien, le Jury de Tim Burton ayant préféré remettre le prix d’interprétation masculine à Javier Bardem, excellent dans Biutiful. L’injustice est donc à demi réparée.
Michael Lonsdale
Saluons aussi le travail de Caroline Champetier, récompensée du césar de la meilleure photo toujours pour Des hommes et des dieux. Lorsque vous aimez l’esthétisme des images d’un film, c’est notamment grâce au talent du directeur photo.
Charlotte Gainsbourg
La déception de la soirée a été de voir repartir bredouille L’arbre, le très beau film de Julie Bertuccelli, notre film du mois en août. Nommé 3 fois, il n’a pas fait le poids face The Ghost Writer dans les catégories Meilleur adaptation et Meilleure musique. En revanche, Charlotte Gainsbourg avait toutes ses chances pour le césar de la meilleure actrice. Les 3500 votants lui ont préféré Sarah Forestier, pour Le Nom des gens (que je n’ai pas vu, donc pas de commentaire !).
Tournée
En revanche, si je suis déçu pour L’arbre, il n’en va pas de même pour Tournée et La princesse de Montpensier. Je n’ai jamais compris l’enthousiasme du Jury (pris de la mise en scène) et des critiques (4,38/5 de moyenne sur allociné !) pour Tournée et le matraquage médiatique autour du film, à la limite de la désinformation (certains chroniqueurs n’hésitant pas à parler de « carton » en salle avec … 450.000 entrées !). Alors que j’avais tout de même mis 1 étoile sur 5 pour ma critique, le couperet du monde du cinéma a été encore plus dur et sans appel : aucune récompense pour 7 nominations. Mais peut être que la récompense était déjà d’avoir décroché 7 nominations !
La Princesse de Montpensier
Même scepticisme en mai dernier après la projection de La princesse de Montpensier, que je considère comme un accident de parcours dans la filmographie de Bertrand Tavernier. Rien ne m’avait vraiment convaincu, notamment pas la jeune garde du cinéma français Raphael Personnaz et Grégoire Leprince Ringuet. Ce dernier a tout de même réussi le tour de force d’être dans 2 films décevants d’une même sélection cannoise, puisqu’il était aussi au générique de L’autre monde (absent des nominations) de Gilles Marchand avec Louise Bourgoin. La princesse de Montpensier, elle, sauve l’honneur en repartant du théâtre du Chatelet avec un césar (meilleur costume) pour 7 nominations.
Edgar Ramirez coiffe au poteau ses petits camarades et remporte le prix du meilleur espoir masculin pour le Carlos d’Olivier Assayas (dont nous avions "séché" la projection de plus de 5h au Palais des Festival).
Edgar Ramirez
Notons enfin la nomination de Bright Star de Jane Campion (que nous avions pu découvrir à Cannes non pas cette année, mais en 2009 !) dans la catégorie meilleur film étranger, et l’hommage rendu à l'un des chouchous de la croisette, Quentin Tarantino, dont je vais reprendre la célèbre devise pour conclure ce petit article : VIVA EL CINEMA !!!
Quentin Tarantino
Le palmarès des films cannois, signalés par une petite palme, et le gagnant en rouge :
Meilleur film
L'Arnacoeur de Pascal Chaumeil
Le Nom des gens de Michel Leclerc
The Ghost Writer de Roman Polanski
Tournée de Mathieu Amalric
Des Hommes et des Dieux de Xavier Beauvois
Serge Gainsbourg (Une Vie Héroique) de Joan Sfar
Mammuth de Benoit Delepine et Gustave Kervern
Meilleur réalisateur
Mathieu Amalric pour Tournée
Olivier Assayas pour Carlos
Xavier Beauvois pour Des Hommes et des Dieux
Bertrand Blier pour Le bruit des glaçons
Roman Polanski pour Ghost Writer
Meilleur acteur
Lambert Wilson pour Des Hommes et des Dieux
Eric Elmosnino pour Serge Gainsbourg Une Vie héroïque
Gérard Depardieu pour Mammuth
Romain Duris pour l'Arnacoeur
Jacques Gamblin pour Le Nom des gens
Meilleure actrice
Charlotte Gainsbourg pour L'arbre
Isabelle Carré pour Les Emotifs anonymes
Catherine Deneuve pour Potiche
Sarah Forestier pour Le Nom des gens
Kristin Scott Thomas pour Elle s'appelait Sarah
Meilleur second rôle masculin
Michael Lonsdale pour Des Hommes et des Dieux
Olivier Rabourdin pour Des Hommes et des Dieux
Niels Arestrup pour L'Homme qui voulait vivre sa vie
François Damiens pour L'Arnacoeur
Gilles Lellouche pour Les Petits Mouchoirs
Meilleur espoir masculin
Pio Marmai pour D'amour et d'eau fraiche
Edgar Ramirez pour Carlos
Arthur Dupont pour Bus Palladium
Raphael Personnaz pour La Princesse de Montpensier
Grégoire Leprince Ringuet pour La Princesse de Montpensier
Meilleure musique
Bruno Coulais pour Océans
Alexandre Desplat pour The Ghost Writer
Grégoire Hetzel pour L'Arbre
Delphine Montoulet et Tony Gatlif pour Liberté
Yarol Poupaud pour Bus Palladium
Philippe Sarde pour La Princesse de Montpensier
Meilleure adaptation
Julie Bertucelli pour L'Arbre
Robert Harris et Roman Polanski pour The Ghost Writer
Eric Lartigau et Laurent de Bartillat pour L'Homme qui voulait vivre sa vie
François Ozon pour Potiche
Bertrand Tavernier, Jean Cosmos et François Olivier Rousseau pour La Princesse de Montpensier
Meilleure photo
Christophe Beaucarne pour Tournée
Caroline Champetier pour Des Hommes et des Dieux
Pawel Edelman pour The Ghost Writer
Bruno Keyzer pour La Princesse de Montpensier
Guillaume Schiffman pour Serge Gainsbourg (Une Vie Héroique)
Meilleur montage
Hervé Deluze pour The Ghost Writer
Marilyne Monthieux pour Serge Gainsbourg (Une Vie Héroique)
Annette Dutertre pour Tournée
Luc Barnier pour Carlos
Marie-Julie Maille pour Des Hommes et des Dieux
Meilleur son
Philippe Barbeau Jerome Wiciak, Florence Lavallé pour Océans
Jean-Marie Bondel Thomas Desjonqueres, Dean Humphreys pour The Ghost Writer
Jean-Jacques Ferrand, Vincent Guillon et Eric Bonnard pour Des Hommes et des Dieux
Olivier Meauvezin, Severin Favriau et Stéphane Thiebaut pour Tournée
Daniel Sobrino, Jean Goudier et Cyril Holtz pour Serge Gainsbourg (Une Vie Héroique)
Meilleur Costume
Olivier Beriot pour Adele Blanc-sec
Pascaline Chavanne pour Potiche
Alicia Crisp-Jones pour Tournée
Marielle Robaut pour Des hommes et des Dieux
Caroline de Vivaise pour La Princesse de Montpensier
Meilleur décor
Michel Barthélémy pour Des Hommes et des Dieux
Guy-Claude François pour La Princesse de Montpensier
Albrecht Konrad pour The Ghost Writer
Christian Marti pour Serge Gainsbourg (Une Vie Héroique)
Hugues Tissandier pour Adele Blanc-sec
Meilleur scénario original
Mathieu Amalric Marcello Novais Teles et Philippe di Folco pour Tournée
Bertrand Blier pour Le Bruit des glaçons
Xavier Beauvois pour Des Hommes et des Dieux
Gustave Kervern pour Mammuth
Baya Kasmi et Michel Leclerc pour Le Nom des gens
Meilleur film étranger
Inception de Christopher Nolan (US)
The Social Network de David Fincher (US)
Invictus de Clint Eastwood (US)
Bright Star de Jane Campion (NZ)
Les Amours imaginaires de Xavier Dolan (Quebec)
Dans ses yeux de Juan Jose Campanella (Argentin)
Illegal d' Olivier Masset Depasse (Belge)
Olivier