Au moment où de nombreux citoyens du monde, responsables et vigilants, voudraient faire limiter la pêche de certaines espèces menacées, comme le thon rouge ou le saumon sauvage -indispensable si nous voulons léguer à nos enfants et petits-enfants une planète viable-, on s’aperçoit que certains « grands patrons » continuent d’agir comme si toutes les ressources naturelles étaient inépuisables, qu’elles soient minérales, animales, végétales ou… humaines ! Pour eux, tout est prétexte à l’amélioration de la productivité, et à la multiplication miraculeuse des pains offerts ensuite sans réserve à leurs actionnaires.
De forages en zone écologique fragile, à la mise sur le marché de produits meurtriers pour des insectes pourtant indispensables… de pourrissement laxiste des eaux en empoisonnement de patients par des médicaments connus pour leur dangerosité… ils se comportent comme si le temps leur était compté pour amasser, amasser, amasser avant le Déluge des pyramides d’or qui, quoi qu’ils fassent, seront englouties avec eux… avec nous ! Etrange pathologie que celle là, qui pourrait passionner quelque laboratoire médical bien intentionné ! Mais…
Parmi ces espèces en voie d’épuisement, une très ancienne, qui compte parmi les plus adaptables à toutes les conditions de vie, climatiques, économiques, physiques et politiques, qui a survécu à toutes les catastrophes et tous les régimes démocratiques ou dictatoriaux, que la souplesse d’échine a protégé jusqu’à nous contre l’ultime noyade : le travailleur de la « France d’en bas » !
Ouvrier, employé, éboueur, cadre de la fonction territoriale, petit commerçant, fossoyeur, « technicien de surface », chef de petite ou moyenne entreprise, infirmière, instituteur, cheminot ou prospecteur-placier de Pôle-emploi… tous ont réussi jusqu’à nos jours (parfois très difficilement) à assurer leurs arrières et leur avant. Mais les voici menacés !
Et le mal vient d’en haut !
C’est la grande, voire très grande entreprise qui les malmène au point de les pousser à se suspendre par le cou au plafonnier de leur bureau, avaler un tube de somnifères dans leur salle de bains, se fracasser le crâne d’une balle dans le garage de leur société, ou se jeter dans le premier canal venu au sortir du travail.
Pour l’heure, le monde de la petite entreprise, celui de la micro-économie, ne semble pas encore gagné par la contagion. Il s’y rencontre encore bien des gens honorables et heureux, respectueux, fiers de leur production et de leur mission sociale.
Mais l’autre monde, celui de la grande entreprise…
Il est atteint par cette vérole au point de ne plus se rendre compte de la gravité de son état ! Ne vient-on pas de voir l’une de ces entreprises géantes, typique des nébuleuses de la macro-économie, reine au royaume des télécommunications, se donner un patron tout neuf et prétendu vierge, mais garder au chaud, à son côté, l’ancien patron que d’aucuns pensent gangrené jusqu’à la moelle, celui-là même qui aurait le plus dangereusement menacé l’espèce en question. Et avec des émoluments dignes d’un monarque d’ancien régime !
A voir ainsi se comporter ceux qui, à l’image des politiques leurs cousins, leurs amis, leurs frères, compte tenu de leur rayonnement naturel, devraient être exemplaires, on finit par se dire que, pour protéger le travailleur de la « France d’en bas », cette espèce indispensable et nécessaire dans un monde d’infatigables parasites rentiers immobiles, il devient urgent d’activer par tous les moyens la pêche au maquereau, jusqu’à épuisement total de la réserve mondiale.
Filets dérivants, chalutiers usines, pêche chimique, électrique ou au coup, révolution de jasmin pour océan de misère… tout doit être mis en œuvre qui permettra de débarrasser notre planète de cette redoutable… maquereau-économie ! Salut et Fraternité. photo Matton