Rien d'illégal

Publié le 28 février 2011 par Malesherbes

Dans sa lettre de démission, publiée par Le Parisien, Michèle Alliot-Marie écrit qu’elle s’est efforcée de veiller « dans [ses] fonctions comme dans [son] comportement personnel, à toujours respecter les exigences, non seulement de la légalité, mais aussi de la dignité, de la moralité et de la loyauté ». Elle y affirme aussi être «  la cible d'attaques politiques puis médiatiques véhiculant, pour créer la suspicion, contre-vérités et amalgames » et dénonce le fait que sa famille subisse « de la part de certains médias un véritable harcèlement dans sa vie privée, pour tenter d'y chercher de quoi [l’] affaiblir à défaut de l'avoir trouvé chez [elle] ».

Je pensais que la défense de notre ministre serait de soutenir qu’elle n’avait rien fait d’illégal. Mais elle affirme également ne rien avoir à se reprocher sur le plan de la morale. Nous n’avons donc vraisemblablement pas le même niveau d’exigence en ce domaine. Comme bien souvent, les personnages politiques s’appliquent à mettre en avant la fable d’une cloison étanche entre vie publique et vie privée. Cette séparation est une fiction.

Pendant sa formation, elle est proche de son professeur de droit, Michel Alliot, directeur de cabinet d’Edgar Faure, alors ministre de l’Education nationale, et l’épouse en 1971. Elle a ainsi l’occasion de fréquenter le milieu ministériel et devient l’année suivante conseillère technique d’Edgar Faure. Elle amorce son implantation dans le pays basque en 1983 comme conseillère municipale du village de Ciboure, non loin de Biarritz, et l’année suivante, est élue à Biarritz aux côtés de son père, Bernard Marie, maire de la ville. Rien n’autorise à douter des qualités de Madame Alliot-Marie mais force est de constater que les positions de son père et de son mari n’ont certainement pas nui à la reconnaissance de ces qualités. N’oublions pas qu’il n’y a népotisme que lorsque le neveu du patron est un crétin. Remarquons aussi que notre ministre n'a pas craint de préfixer son nom de jeune fille de celui de son ex-mari. Tout ceci pour illustrer que vie privée et carrière s’interpénètrent souvent.

Venons-en à la Tunisie. J’évoquerai dans un autre billet l’imprudence qu’il y avait, dans sa position de ministre, à choisir comme lieu de vacances un pays en pleine effervescence. MAM sait-elle qu’un homme (ou femme) politique ne doit pas accepter de cadeaux ? Pense-t-elle sincèrement que Monsieur Aziz Miled aurait eu les mêmes prévenances pour un citoyen français ordinaire ? Connaît-elle beaucoup d’opposants à un régime en place qui peuvent circuler en jet privé ? Elle nous a d’abord conté qu’en vacances, elle n’était plus ministre, avant de revenir à une appréciation plus correcte des devoirs de sa charge. Comment peut-elle donc diriger sa conduite avec une boussole aussi erratique ? A mon humble niveau, il m’est arrivé plusieurs fois de devoir interrompre des vacances pour telle ou telle action réclamant ma présence et nous sommes certainement des milliers à avoir ainsi appris que, dans certaines circonstances, le privé s’effaçait devant le collectif. Elle a prétendu avoir rencontré M. Miled par hasard. Est-ce par hasard  aussi que son père, qui n’a bien sûr jamais rien fait en sa faveur, a pu ensuite acheter à ce même personnage une SCI dont elle sera sans doute la prochaine propriétaire ?

Quelle femme admirable, mère de toutes les vertus, ainsi sacrifiée sur l’autel de la politique !