Une rencontre très attendue, que cette promenade en novembre, mois de prédilection de l’auteur, qui présente dix-sept nouvelles racontant ces hommes qui pleure la perte de leur jeunesse d’antan, d’un être cher, un fils, un frère, une femme. Réminiscences d’un autre temps qui jadis était éternel, « Alors que nous possédions une solide immortalité de cinquante à soixante ans à vivre. » Désormais, des ventres prédominants, des calvities qui prennent de l’ampleur, un corps qui ne cesse de souffrir, et surtout une solitude parfois amicale, parfois accablante, parfois triste.
Comme dernière nouvelle, ma préférée, Dans le silencieux automne, le narrateur réapprend son frère Claude en phase terminale, qui ne cesse d’évoquer le bonheur perdu de l’enfance. « Je ne l’ai pas connue cette période de félicité, ais-je été distrait ?»
Une écriture qu’on croirait chuchotée, empreint d’une implacable lucidité, d’un grand dépouillement, Gilles Archambault, 77 ans, avec ce petit homme qui va au cimetière un soir de novembre, ne cesse de m’éblouir de cette plume tranquille, réfléchie, parfois mélancolique, j’aime bien ces courtes randonnées avec ce vénérable écrivain
«Exister, c’est perdre petit à petit»
(Michel Torga)