Nous sommes stupéfaits par cette publicité de la BNP. Quelque part entre la honte et la pitié. Quelque part dépassés par de telles manifestations d’ignorance et d’arrogance. Comment l’une des premières banques mondiales peut-elle à ce point mépriser ses clients. Se complaire dans des accroches ridicules et offensantes alors que la profession est partie prenante d’un crash financier dont tout les citoyens subissent gravement les conséquences.
De la digression
De quoi les banques nous parlent-elles ? Elles nous parlent de sexe, de conduites sexuelles minoritaires (présentées ici comme déviantes), alors que tout le monde sait que le secteur n’a rien changé de ses pratiques financières, qu’un nouveau crash peut survenir demain, causer des désordres plus graves que les précédents. Alors que tout le monde attend avec anxiété des réponses pressantes sur l’avenir d’un monde complexe en pleine mutation et dans lequel les banques ont à jouer un rôle social majeur.
Que fait la BNP à travers cette publicité ? De la digression. À travers des tentatives de séduction vulgaires et immatures, la banque évite les vrais questionnements que tout le monde attend, en se moquant tout à la fois de leurs clients et peut-être, plus grave encore, en s’appropriant des conduites progressistes comme le transformisme ou le transgenre sans en comprendre ni le fond ni le sens. Des conduites radicales de rupture qu’elle transforment en une sorte de « must », de maquillage, de grimage. Les banques sont « cools », nous renvoie ce message. C’est pourtant de « ringard » qu’il mérite d’être qualifié tout en disqualifiant ceux qui l’émettent.
« Le Bourgeois qui s’encanaille »
N’est-ce pas l’image que les banques nous renvoient. « Le bourgeois qui s’encanaille ». L’image du conformiste qui s’accroche à ses principes et à ses vieux modes de fonctionnement et qui sans ne rien céder sur le fond, joue « l’ouverture » sans comprendre les vrais enjeux que véhiculent ces différences qu’il s’accapare bêtement. Tout faux ! C’est aussi ce que viennent de nous dire les notaires à travers une vidéo accablante pour tenter de rajeunir la profession, mais qui ne nous montre qu’une seule chose. L’absence de volonté d’une véritable remise en cause. On « joue » l’ouverture et le progrès en écartant les vraies problématiques bien trop dérangeantes. A voir encore cette dans le même genre cette publicité effarante du laboratoire Lilly pour la promotion du Zypadhera auprès de ses commerciaux.
Qu’est-ce que l’on attend des banques ?
Qu’elles fassent leur métier tout simplement. Prêter de l’argent, financer l’économie, créer de la monnaie. C’est pour ça qu’elles existent et c’est grâce à ces fonctions qu’elles se sont développées en participant au développement de la société qui les fait vivre. Comment revenir à cette simplicité nécessaire pour l’équilibre de tous. Comment faire pour rependre pied dans la société, dans la réalité, sortir de la bulle dans laquelle elles se sont enfermées. Comment les pousser à se remettre en cause. Comment les pousser à prendre aux sérieux tout autant leur propre avenir que celui de leurs clients/citoyens.
La raison d’être
S’interroger sérieusement sur leur raison d’être. C’est bien sûr la seule réponse censée et cohérente pour répondre à ce manque de légitimité de plus en plus criant. Pour nous éviter ces publicités piètres et dégradantes. Revenir sur leur métier, leur rôle social. Qu’apportent-elles à leurs clients. Qu’apportent-elles à la société ? Revenir à des fondamentaux simples, évidents plutôt que de distribuer des sommes dantesques à des publicitaires « has been », sans idées et dépassés eux-mêmes par le monde qui les entoure.
S’interroger sur les dirigeants
On peut effectivement s’interroger sur les dirigeants de « nos » banques, leur compétence, leur culture, leur sensibilité, leur capacité de compréhension des enjeux auxquels nous sommes confrontés. Mais d’où viennent-ils, où vont-ils, à quelle urgence obéissent-ils et pourquoi ? S’interroger sur cette énigmatique abstraction du réel. S’interroger sur les compétences et l’intelligence des hommes et des femmes chargés de la communication. Perçoivent-ils même le ridicule de leur message ? Dans quel processus infernal sont-ils enfermés ? Quel degré de cynisme ? Quel degré de conscience ?
Et si, au comble de la désespérance, c’était en fait eux-mêmes, leur projection, leur propre déviance qu’inconsciemment ils mettaient en scène à travers cette extraordinaire campagne de communication ! Une forme d’avertissement ou d’appel à l’aide ! Pourquoi pas !
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