Critique Film : Le Discours d’un Roi (The King’s Speech), de Tom Hooper, avec Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter, Derek Jacobi, Timothy Spall… sortie cinéma 02/2011
Le Discours d’un Roi s’inscrit dans cette tendance cinématographique consistant à proposer un film qui de par son sujet génère une certaine réflexion, un rire agréable, une émotion vive mais jamais larmoyante et une chaleur humaine terriblement salvatrice. Repensez à Gran Torino, repensez à Good Morning England, repensez à Big Fish. Quel est le dénominateur commun à tous ces projets ? Ils sont excellents, accessibles, généreux, humains, et leurs succès transcendent les différences qui nous communautarisent. Porté par une réalisation ingénieuse et des acteurs talentueux sans pour autant être starifiables (trio éblouissant réunissant Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter), Le Discours d’un Roi devient populaire par la qualité de son contenu. Sa réussite se mesure par l’engouement qu’il génère plus que par les profits qu’il engendre.
Deux raisons peuvent être mises en lumière :
Le Discours d’un Roi peut s’interpréter comme une légende. De quoi s’agit-il si ce n’est d’un prince qui se voit confier les responsabilités d’un roi sans savoir comment s’adresser à ses sujets… Ce bégaiement qui le paralyse et l’obsède depuis son enfance, ce n’est autre que le sorcier du royaume, fin psychologue maniant la rhétorique avec habilité, qui l’en guérira grâce à l’enchantement de l’apprentissage. Dans l’inconscient collectif, l’histoire est efficace et raisonne comme un conte. Sauf qu’il s’agit de faits authentiques, porteurs de valeurs nobles. Un biopic historique qui raconte l’accès au pouvoir du Roi George VI, à la veille de la seconde guerre mondiale.
Le parallèle évident avec nos Etats politico-médiatiques est captivant. Le charisme de la royauté anglaise (subtilement mis en valeur) associé à l’époque durant laquelle l’action prend place rendent bien superflues les diverses galipettes médiatiques de nos grandes pontes contemporaines qui ne cherchent plus qu’à être au devant de la scène plutôt qu’à s’inquiéter du bien-être de leurs prochains. Ce discours en question, qui arrive en apothéose sur le 2ème mouvement de la 7ème symphonie de Beethoven, est une claque cinématographique qui renforce le propos politico-humaniste qui nous manque terriblement aujourd’hui.
Sans jamais tomber dans le larmoyant, sans jamais tomber dans la facilité d’un film d’apprentissage surfait, Le Discours d’un Roi se démarque déjà comme un chef-d’oeuvre brilliant et populaire que je vous recommande exclusivement en VO pour ne rien perdre de son magistral intérêt.
9,5/10