Il est intéressant de préciser qu’un vote en ligne peut être annulé en se rendant dans un bureau de vote. Le vote « papier » remplaçant automatiquement le vote électronique. Le jour des élections, le 6 Mars, il n’y aura pas de vote électronique possible.
Le vote électronique a été introduit en Estonie en 2005 pour les élections municipales - 10 000 (2% des votants) Estoniens utilisèrent alors le système. Depuis, cette pratique connait une progression fulgurante : 30 000 e-votants (5% des électeurs) lors des législatives de 2007, 58 000 (15%) pour les européennes de 2009 et enfin 104 413 pour les municipales de 2009.
Pour ou contre le e-vote?
Les principaux détracteurs critiquent les possibilités de fraude en ligne et les possibilités de pression – l’isoloir étant censé préserver le secret, je dis « censé » car il existe bel et bien des cas de fraude dans des pays utilisant uniquement le vote papier et l’isoloir.
Question sécurité, l’électeur utilise sa carte d’identité à puce électronique (n'essayez pas avec votre carte d'identité française, le plastique ne fournit aucune information...) et un lecteur de carte qu’il branche sur son PC. Il lui faut ensuite s’identifier et entrer ses mots de passe pour pouvoir voter. Ce système est également utilisé pour signer des documents officiels, se connecter à sa banque en ligne (obligatoire pour procéder à des virements d’un montant important)... Il est ultra-sécurisé.
Précisons aussi que l’Estonie a mobilisé sa « cyber-brigade » qui est prête à déjouer toute tentative d’attaque de son système de e-voting. Celle-ci a été créée fin 2010 afin de lutter contre les cyber-attaques, telle celle imputable à des pirates russes en 2007 suite à l’épisode du soldat de bronze.
Sites officiels, médias et banques estoniennes avaient été la cible de PC-zombies censés inonder les serveurs des sites visés pour les rendre inaccessibles en provoquant une « erreur 404 », c’est-à-dire la page blanche. Pour cette offensive, des dizaines de milliers d’ordinateurs infectés avaient été utilisés pour générer un trafic « pirate » de 5000 clics par seconde – une charge impossible à supporter pour les sites web attaqués.
A l’époque, Linnar Viik, un gourou estonien de l’Internet avait expliqué à The Economist que « la mobilisation d'une telle armada informatique dépasse de très loin le stade de l'initiative individuelle, voire même mafieuse. Rien de tel ne peut se faire à cette échelle sans la coopération d'un Etat, et de plusieurs opérateurs télécoms”. Moscou avait alors été montré du doigt, les adresses IP des PC venant du bureau de l’administration russe. Celle-ci avait démenti toute implication.
L’Estonie est par ailleurs souvent appelée « e-stonie » avec un e-gouvernement, des e-tickets à gogo, du Wifi en de multiples emplacements, bref des nouvelles technologies omniprésentes. Ainsi, en 2009, 92% des contribuables estoniens ont rempli leur déclaration de revenu sur Internet, une opération qui prend environ 2 minutes – le prélèvement se faisant à la source.
C’est donc un pays qui se projette vers l'avant, précurseur dans de nombreux secteurs des nouvelles technologies (développement de Skype, Kazaa, paiements par téléphone mobile…) et le e-vote n’est donc qu’un service supplémentaire, une suite logique aux nombreuses innovations déjà en place. L’Estonie se veut être le pays de la modernisation, du changement.
Ce type de vote peut avoir un impact intéressant au niveau du vote des jeunes, forcément plus adeptes (accros ?) des nouvelles technologies et moins enclins à se déplacer pour aller voter pour des politiques incompris qu’ils ont plutôt tendance à fuir.
Et vous, plutôt pour ou plutôt contre?
Les sondages (source: TNS Emor)
Reform Party: 28%
Centre Party: 25%
IRL: 21%
Social Democrats: 16%
Green Party: 4%
People's Union: 2%
Pour avoir un représentant au Parlement, il faut atteindre 5% des votes.