Par Thierry Crouzet : Comme François Bon, je m’étais juré de ne plus répondre aux attaques contre les ebooks auxquelles nous avons déjà répondues cent fois. Après le long commentaire de B. Majour suite à mes cinq tags, je n’ai pas tenu ma promesse. Certaines choses ont besoin d’être répétées.
En préliminaire, il me semble que ceux qui n’ont jamais lu sur liseuse ou tablette pendant au moins quelques jours, je ne sais pas si c’est le cas pour B. Majour, devraient se garder de discourir sur l’avenir du livre électronique par rapport au livre papier. Certaines choses doivent être expérimentées, parfois durant une période assez longue, pour être intimement comprises. C’est notamment vrai avec les ebooks, même si les appareils de lecture actuels peuvent en décourager plus d’un dès le prime abord.
Avancer la longévité, la résistance et autres arguments du même type pour justifier l’avenir du papier est absurde. Les tablettes d’argiles étaient plus durables que le papyrus et elles ont été abandonnées. On adopte un nouveau support quand il présente plus d’avantages qu’un ancien, pas uniquement quand il n’a que des avantages. Le papier brûle par exemple, les tablettes d’argile pas. On n’a pas écarté pour autant le papier.
Le papier est une mémoire ? Savez-vous que le papier n’a pas une durée de vie éternelle. Il se ronge de lui-même en quelques siècles. Le papier n’est pas une meilleure mémoire qu’un DVD.
Une catastrophe comme celle d’Haïti n’a aucune conséquence sur la sauvegarde des ebooks qui s’effectue dans le cloud, c’est-à-dire avec un gros degré de redondance. Si ma maison brûle, mes livres papier seront détruits, pas mes livres électroniques.
Par ailleurs, la sauvegarde locale sur mémoire flash par exemple ne nécessite aucune source d’énergie. La lecture ne nécessite qu’une énergie très faible, qu’un panneau solaire peut fournir ou une simple dynamo.
Le papier n’est pas une technologie économique. 2 milliards d’humains accèdent à Internet, bientôt le double via les mobiles qui deviennent jour après jour de meilleures liseuses. Il faudrait que tout le monde achète des livres en plus ?
Il faut arrêter de parler de l’ebook comme une technologie de riche. La lecture est une activité partagée par peu de gens. Combien sont ceux qui lisent plus de dix livres par ans ? Très peu, moins d’un million en France. La lecture a toujours été une activité élitiste. Et je crois le numérique capable d’en élargir le champ plus que de le réduire.
Argumenter sur ces points n’a aucun intérêt pour moi. Je m’intéresse aux livres numériques pour leurs avantages. Ils ouvrent de nouvelles possibilités créatives, que j’ai évoquées dans La stratégie du cyborg, et politiques comme je l’explique dès le début de L’édition interdite (à paraitre le 4 mars chez Numériklivres). Des choses justement qui nous étaient interdites deviennent possibles et ça vaut bien quelques désagréments qui ne seront que passagers.
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