Une fable documentaire de François Caillat
Vivriez-vous dans une ville qui porte le nom d’une marque ? Accepteriez-vous de partager votre quotidien avec des personnes qui seraient à la fois vos voisins, vos collègues et vos supérieurs ? Seriez-vous heureux de savoir que votre boss décide de tout pour vous, toujours pour votre bien, celui de votre famille, de vos amis, de tous, avec une attention quasi-paternaliste ?
Pour être honnête, j’aurais beaucoup de mal à le supporter ne serait-ce qu’une journée et pourtant, pendant près de 30 ans, ce fut le projet fou imaginé et réalisé par Tomas Bata, fabricant de chaussures renommé. Dans les années 50/60, au cœur de la Moselle naît alors cette drôle de micro-société, peuplée d’ouvriers, de contre-maîtres, et autre chef du personnel, dociles et reconnaissants d’habiter une « ville dans la ville », où chacun peut apprécier les avantages que lui confèrent son rang social et son mérite professionnel. Et chacun d’avoir son petit carré de jardin, avec dessus posée, une maisonnette fleurie, à condition de remplir certaines conditions de bienséance et de moralité. Mais enfin, tout le monde peut y prétendre.
Mais alors que s’est-il passé pour que ce petit monde aux rouages parfaitement huilés, ne finisse par péricliter ? Pourtant, par leur témoignage, on peut penser que les « Batavillois » étaient tous heureux de faire partie de cette communauté idyllique, avec à leur un tête un homme respecté et respectable qui ne les a jamais déçu. Jamais ? Peut-être alors avaient-ils oublié que Tomas Bata, (et fils), avait probablement quelques penchants philanthropiques, mais qu’il était avant tout un chef d’entreprise, soucieux de son chiffre d’affaire ? Peut-être ?