Des Nouvelles de Modestine

Par Eric Mccomber



Je cède aux pressions inouïes du public qui me réclame à corps et à cris des photos de la lolita-kungfu. Sur ces entrefaites, Modestine a partagé un palace avec trois vieux greffes à moitié dingues et moi, puis m'a suivi dans mon retour à Sauve. Nous habitons au sommet d'une sorte de tour assise sur les anciennes fortifications du village. Un de ces murs vieux de mille ans passe dans la maison.
Bref. Il y a deux jours, j'ai sursauté et pas qu'un peu en entendant la vélominette miauler. Cela m'a pris de court parce qu'en temps normal, elle est silencieuse. Quand elle veut un truc, sortir, de l'eau, des croquettes, elle vient près de moi et me saisit le genou des deux pattes. Même pour rentrer de dehors, elle se tait et préfère frapper à la vitre de quelques subtils coups de griffes. Essentiellement, elle ne miaule qu'à vélo, lorsqu'elle en a marre de rouler, qu'elle a un truc urgent à faire, ou qu'elle hallucine sur le coin qu'on traverse et exige de s'y balader à patte (généralement de très grands arbres au sommet desquels elle grimpe en trois secondes).
Pour faire une histoire (presque) courte, eh bien, Modestine miaule depuis avant hier. Elle souffre et je ne peux absolument rien pour elle. Elle passe ses nuits sur les toits à vagir et hululer. Il faut dire qu'elle aura un an le 6 avril et que la vie étant ce qu'elle est, euh… gurl, you'll be a woman soon…© Éric McComber