Princesses des os - Charlotte Bousquet

Rome, an 120 de notre ère, à l'aube du règne d'Hadrien. Des enfants disparaissent, parfois en plein jour, sans que les mystérieux ravisseurs soient inquiétés par les autorités de la ville. Cette série d'enlèvements pourrait bien être orchestrée par un marchand d'esclaves. À moins qu'elle ne soit l'oeuvre d'un fou... Nul ne s'en soucie, jusqu'à ce que Titus Clarus, héritier d'une famille patricienne, soit à son tour enlevé. Chargé de l'enquête, le centurion Buculus trouve une piste qui mène à Sextus des Bleus, l'étoile montante des auriges. Révoltées par l'incompétence de Buculus, Lucretia Clara Severa, cousine de Titus, et son esclave, Dîn, décident de mener leur propre enquête. Les voici entraînées clans les bas-fonds de Vélabre où sévissent les pires voleurs, trafiquants et assassins. Mais à Rome, rien n'est simple et de noirs complots peuvent en cacher de plus terribles encore.

- Gulf Stream Editeur -

Un titre intrigant, une couverture accrocheuse annoncent le ton de ce roman de la Collection Courants Noirs ( romans policiers historiques )

La Rome Antique, IIème siècle après JC.  Vengeance et sorcellerie. Il s'agit bien d'un roman noir, pas d'un péplum hollywoodien. L'intrigue y est prenante, saisissante par ses descriptions rudes de la société romaine : misère, esclavage et prostitution, passion des foules pour les jeux et les courses de chars, corruption, polythéisme décadent, sacrifices et malédictions, persécutions des Chrétiens dont la doctrine et les pratiques effraient et inquiètent. Les vies y ont bien peu de valeur, celle que leur accordent les puissants selon leurs intérêts.

Le reconstitution historique est remarquable, un quotidien ( banquets de praticiens, fête religieuse, situation des esclaves...) parfaitement intégré au récit sans en entraver le rythme. Toutefois, pour pleinement profiter de la lecture, notamment des premiers chapitres qui situent le contexte, il sera préférable de lire avant le roman la vingtaine de pages documentaire en annexe ( dossier informatif qui complète chaque titre de cette collection ) précisant le vocabulaire, les divinités, les coutumes.

Etonnant, Charlotte Bousquet raconte l'usage des graffitis dès l'Antiquité : déjà mode d'expression populaire, textes et dessins sur les murs colportaient les rumeurs, vantaient ou dénigraient hommes ou commerces. S'y inscrivaient caricatures, propagande et mots d'amour.

Les scènes dans les bas-fonds de Rome ainsi que celles de la captivité de l'enfant livré aux trois prêtresses d'Hécate - déesse associée à la lune noire, au monde des morts et des sorciers - peuvent sembler pénible à lire. Chapitres alternés avec l'enquête de la jeune héroïne, ils apportent au roman sa tension, un réalisme sombre à l'atmosphère de thriller.

Résolument adolescent par son héroïne, par le thème de choix de vie et d'émancipation féminine ainsi que par les quelques lignes de romance, Princesses des Os est un roman sans concession réussi, aussi intéressant pour le récit policier que pour les sujets abordés, historiques et pourtant contemporains ( minorités, pouvoir, religion, préjugés sociaux ). Il s'offre à un lectorat sans limite d'âge. On y retrouve l'esprit, le style, du précédent titre de Charlotte Bousquet dans la même collection : Noire Lagune ( chronique ICI )

- A partir de 14-15 ans - Le billet de Fantasia -

- Charlotte Bousquet sera présente au Salon du Livre de Paris au stand des Editions Mnémos pour ses romans Arachnae et Cytheriae le 18 mars de 19H à 22H, le 19 mars de 13H à 15H, le 20 mars de 17H à 20H, ainsi qu'aux Imaginales d'Epinal fin mai - Son site ICI -