Des milliers d’exemplaires vendus de la méthode Montignac, des milliers de personnes convaincues de l’efficacité de l’effet yo-yo pour reprendre du poids… et la méthode continue de provoquer des ravages dans les rangs des personnes en souffrance souhaitant perdre du poids.
Dans l’un de nos articles, suite au rapport de l’ANSES sur l’inefficacité des méthodes de régime commercialement calibrées, suite aux carences et déséquilibres provoqués par ces méthodes, le Docteur Pierre Azam écrivait « On le sait depuis longtemps, et l’Obobs l’a souvent dit et dénoncé, la médecine n’est pas compatible avec une « méthode ». Le propre de la médecine est de tenir compte de l’histoire de la maladie du patient, de faire un diagnostic et prescrire un traitement adapté à l’individu, dans le respect de règles évaluées et certaines de la médecine, de la recherche et de la réglementation en vigueur (cf la réglementation européenne des compléments alimentaires de la diététique minceur en ce qui concerne les régimes). »
Le miracle Montignac
Ce miracle se traduit très simplement : avoir réussi à monter une méthode absolue pour perdre du poids grâce à une grande puissance marketing et à un éditeur ayant tout compris aux bénéfices pouvant être engrangés par ce type de bouquin surfant sur la vague d’obésité, sur la détresse, sur le besoin toujours plus grand d’une population de plus en plus importante, de perdre du poids.
Que dit l’ANSES ? : « Régime Montignac proposé dans l’ouvrage « Je mange donc je maigris ! » : la phase 1 du régime doit durer au moins 2 mois et consiste à ne jamais mélanger les « mauvais » glucides (ex. pain blanc) avec les lipides (ex. viande) au cours d’un même repas. Il faut également éviter les éléments glucidolipidiques (ex. chocolat, avocat), les pommes de terre, le riz blanc et les pâtes blanches et ne manger que des farines non raffinées et du pain complet. La phase 2 du régime sert au maintien du « nouvel équilibre pondéral ». Elle reprend les principes de la phase 1 (ex. ne pas mélanger les lipides et les glucides, ne pas manger de sucre, boire le moins possible en mangeant etc.) (Montignac 1991). » (extrait du rapport de l’ANSES)
Si la perte de poids peut être réelle à court terme, toute baisse d’apports caloriques provoquant cette perte de poids, il va de soi que, à long terme, la perte pondérale conjuguée aux carences entretenues constamment par ces régimes, aura sur la santé des effets catastrophiques.
L’organisme est carencé, et les maladies opportunes apparaissent, les faiblesses physiques et psychiques explosent… et l’effet yo-yo en corolaire, éventuellement, très souvent même ! Et le cycle des régimes destructeurs recommence.
L’ANSES poursuit en disant : « Au final, la « solution » diététique aggrave souvent le « problème » pondéral. Le désir de perdre du poids est justifié par des arguments esthétiques et sanitaires apparemment raisonnables. Pour autant, les corpulences valorisées par la mode ou recommandées par les institutions de santé ne sont pas à la portée de tous. La relation entre la corpulence et les ingérés caloriques n’est ni simple ni directe. A court terme, manger moins fait perdre du poids mais permet rarement de maigrir à long terme. Plus encore, la pratique des régimes amaigrissants est souvent contreproductive. »
Prise en charge
Prendre en charge l’obésité ne peut être le fait d’une méthode miracle aux règles anarchiques et strictement infondées. Aucune méthode ne peut s’adapter à toutes les personnes souhaitant maigrir.
La prise en charge médicale et paramédicale, psychologique et nutritionnelle, ne peut être fondée que sur une étude des besoins du patient A PRIORI et sur des apports nutritionnels constamment adaptés à la perte de poids, au suivi sanitaire propre à chaque patient, chaque personne réagissant différemment psychologiquement et en termes sanitaires à une modification de l’alimentation.
Montignac ne déroge pas à la règle avec une méthode carencée, dangereuse dans la mesure où elle n’est en aucun cas adaptée à l’état de santé d’une personne en surpoids ou obèse, dangereuse en ceci qu’elle met de côté les particularités physiques ou psychologiques de la personne.
Une fois encore, l’Obobs insiste sur le fait que le combat contre l’obésité ne peut passer que par des approches globales de la maladie, que par une prise en charge plurivalente des patients, quel que soit le degré d’obésité atteint, quel que soit le poids à perdre, si l’on veut que la perte soit durable.
Méthode Montignac à fuir, donc, comme toute méthode équivalente !