Après plusieurs escarmouches entre partisans
de l’un et l’autre camp à Abidjan, maintenant c’est des armes lourdes
qui se sont fait entendre, singulièrement dans le quartier d’Abobo,
favorable à Alassane Ouattara. Pour les Nations unies, de tels
affrontements risquent de précipiter le pays vers la guerre civile.
La Côte d’Ivoire est en train de basculer
vers le chaos. Entre les forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à
Laurent Gbagbo et les partisans d’Alassane Ouattara, émanant d’éléments
de la « rébellion » des Forces nouvelles (FN), on ne se regarde plus en
chiens de faïence. Ces derniers jours, les armes légères, les exactions
et autres intimidations, ont laissé la place à des armes lourdes.
Samedi 26 février, des tirs de telles armes reprenaient dans le quartier
d'Abobo, le quartier nord d’Abidjan favorable à Alassane Ouattara,
président reconnu par la communauté internationale à l'issue de la
présidentielle du 28 novembre. Pour le chef d'état-major des FDS, « le
travail continue ». D’après ce camp, le groupe armé, qui ne cesse
d'attaquer depuis ces derniers jours, à l'aide de lance-roquettes,
serait composé d'éléments infiltrés des FN. Ils estiment qu'ils se sont
alliés à Alassane Ouattara au commencement de la crise née du scrutin
de novembre.
Des entrepôts ont été incendiés, jeudi dernier, dans le quartier d'Abobo, à Abidjan lors d'affrontements entre des partisans d'Alassane Ouattara et les FDS loyales à Laurent Gbagbo. (Crédits photo: Issouf Sanogo/AFP)
Relativement aux avancées des uns et des autres, les avis sont contradictoires. Pour le général Mangou, loyal à Laurent Gbagbo, l’ouest leur est favorable. Il a indiqué que la situation est en cours de stabilisation et que localité de Bin-Houye est prise. Enfin, il a assuré une présence à Zouhan-Hounien, où les FDS marquent des points dans les heurts avec les rebelles. Mais ces derniers, qui se sont considérés en situation de légitime défense pour avoir été attaqués, ont déclaré, au cours de leur riposté s’emparer de Zouhan-Hounien qui était aux mains du pouvoir.
Quoi qu’il en soit, des témoins ont signalé que les coups de feu ont été
entendus dans ce quartier, toujours théâtre de durs affrontements, tout
au long de la semaine qui s’achève. S’il est difficile à l’heure
actuelle de faire un bilan exhaustif des combats, il n’en reste pas
moins que de nombreux corps de civils, non encore récupérés, jonchent
les rues de la ville. La réalité réside dans la persistance de combats
meurtriers entre les forces fidèles au président sortant Laurent Gbagbo
qui comptent repousser les éléments pro Ouattara en Côte d'Ivoire. C’est
dans ce contexte que l’ONUCI a averti, que si la guérilla urbaine entre
ces factions rivales perdurent, alors elles risquent de précipiter le
pays dans la guerre civile. Une situation que l’UA, a chercé à éviter
par tous les moyens de dialogue, en témoigne le dernier panel de chefs
d’Etats à Abidjan.
Déjà que l’exode, qui avait commencé au tout début de la crise post électorale, continue à Abidjan, en Côte-d'Ivoire, de nombreuses familles fuyant toujours la capitale, on se dirige vers le chaos annoncé. Une situation qui peut plonger la région dans un marasme aux conséquences dramatiques.
Daouda MBaye