Ce livre se présente sous la forme d’une pseudo interview préparée pendant des années et matérialisée dans ces 286 pages d’un livre de poche. D’un côté, Laurent Ruquier, un présentateur vedette, très connu, en pleine activité sur tous les fronts : radio, télé, théâtre, livre, et que sais-je encore ? Il est partout. On peut l’entendre et le voir matin et soir, ici et là, depuis des années. Je l’ai beaucoup écouté dans ma voiture, en sortant du travail. A ce titre, il fait un peu partie de ma vie. C’est pourquoi sans doute, je l’ai mis dans mon panier, sans trop hésiter, lors de ma dernière fringale dans une librairie !
L’interviewée est Claude Sarraute, son amie, souvent présente à ses côtés dans ses émissions.
Journaliste dont j’appréciais beaucoup les petits papiers cinglants en dernière page du Monde, dans les années 80, elle me plaît par sa bonne humeur et son côté décalé, vaillant, à la fois bon chic bon genre et vieille femme indigne de 84 ans.
Sa vie est passée en revue, classiquement, biographiquement : l’enfance tout d’abord et c’est, de loin, le chapitre qui m’a le plus intéressée, en particulier le long passage où Claude, la fille, présente Nathalie, la mère.
Question : Son œuvre a été publiée dans la bibliothèque de la Pléïade, en 1996, donc de son vivant, ce qui est rare, non ?
Réponse : Si elle avait su que Duras y serait aussi ! Pour elle, Marguerite Duras, ce n’était pas de la littérature. Juste des romans de gare, des histoires d’amour…
C’est comme pour l’Académie française, autant te dire que maman aurait adoré être la seule et unique femme admise sous la Coupole, mais une fois que Yourcenar a été la première, c’était fini ; il ne fallait plus en parler ! Quand bien même ils n’y ont jamais pensé…
De même, elle aurait aimé que Bernard Pivot l’invite toute seule à « Apostrophes » ou « Bouillon de culture » - il l’avait fait pour Duras- une émission rien qu’avec elle. J’avais demandé à Pivot pourquoi pas maman ? Il m’a répondu ; « Je ne comprends rien à ce qu’elle écrit ! »
Le chapitre suivant concerne : «Trois mariages, des enfants, des amants» Je n’ai pas tout suivi. J’ai retenu qu’elle s’est mariée une première fois avec le fils de Tristan Tzara, le père du dadaïsme puis avec Jean François Revel, journaliste, écrivain, philosophe et académicien ( Max Gallo occupe désormais le même fauteuil 24)
La suite évoque son travail de journaliste ,sa popularité, les relations avec la bande à Ruquier et son actualité maintenant qu’elle vit seule , sans mari, sans amant, sans enfant, avec quelques amis, une sorte de majordome qui veille sur elle au quotidien, quelques cancers , du champagne, des cigarettes et des journaux…
J’ai lu ce livre très vite parce que c’est ainsi qu’il est fait, pour être lu rapidement. Il a ce côté attachant dû à l’accent de vérité et à l’optimisme qui s’en dégage mais aussi cet aspect irritant d’un survol trop superficiel de 80 années de vie. Entre coucheries et potins mondains,on frôle souvent les revues people ! C’était un choix, bien dans le rôle de la personnalité publique de Claude Sarraute . Il faut qu’on puisse mieux la connaître tout en amusant la galerie.. Je ne me suis pas ennuyée !
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Claude Sarraute, Laurent Ruquier, Avant que t'oublies tout ! (J’ai lu, Éditions Plon, 2009, 286 p)