L'autre jour, une information lue dans le Courrier Picard nous a stupéfait :
«Quatre jours après le décès de son fils Théo, Cyril Fournier est menacé de licenciement. Son employeur lui reproche une baisse de motivation durant les mois d'hospitalisation.»
Avant de commenter, voici le reste de l'article de Fanny Dollé intitulé «Son fils décède, on veut le licencier» :
« L'ange s'est envolé, laissant derrière lui un vide immense. Le petit Théo est décédé le 9 janvier des suites d'une tumeur au cerveau. La plus douloureuse des épreuves pour des parents.
Quatre jours après l'inhumation de son fils, en plein deuil, Cyril Fournier reçoit un recommandé : «Une convocation à un entretien en vue d'une rupture conventionnelle ». Une véritable gifle pour ce père de famille originaire de Méru, la seconde en peu de temps.
Ce responsable technique travaille dans une entreprise de prestation de services, Services 3D, chargée de proposer des solutions anti-parasitaires aux sociétés. «Je n'ai jamais fait parler de moi, aucun avertissement. Je n'ai pas compris ce qui se passait. La direction était au courant de ma situation, dès mon embauche, il y a un an. »
À partir du 16 décembre, ce père de famille est en arrêt maladie pour rester aux côtés de son fils, âgé de 10 ans. «Son état de santé s'est aggravé brutalement et devenait critique. Il a fait deux graves malaises à l'Institut Curie, on a bien cru qu'on allait le perdre », rappelle sa compagne, Élodie Boissel.
Le salarié laisse des messages à son supérieur pour le prévenir de ses arrêts maladies « sans qu'il daigne répondre alors que j'ai toujours joué cartes sur table depuis le début. »
Le 27 décembre, malgré sa grande inquiétude, Cyril Fournier reprend son activité professionnelle. «Cela permet de penser un peu à autre chose ». Mais Théo le rappelle vite à son chevet. Le garçonnet n'a plus la force de se battre
La maladie finit par l'emporter ce dimanche 9 janvier. «Je pensais pouvoir vivre dignement mon deuil, qu'on puisse trouver la paix pour nous reconstruire ». Son entreprise n'aura pas cette délicatesse.
Le 28 janvier, il est convoqué au siège parisien. Comme la loi le prévoit, il est accompagné d'un conseiller du salarié, Sébastien Labiausse, qui trouve ce procédé « scandaleux ». «Mon directeur a supposé une baisse de motivation en novembre et décembre alors qu'il connaît ma situation. C'est lamentable », lâche ce père de famille.
Ses courriers envoyés à la direction, au service des ressources humaines, sont restés lettre morte. Même l'inspection du travail de Rennes a pris position dans ce dossier, apportant tout son soutien au salarié. Après une visite médicale, Cyril Fournier a repris tant bien que mal le chemin du travail le 3 février, avec, cette fois-ci, une «réelle » démotivation.
«Dans ce moment douloureux, aucun soutien ne m'a été apporté. Mon directeur n'a toujours pas daigné m'adresser une parole. On n'a pas le droit de se comporter de cette façon, c'est inhumain ». De nouveau en arrêt maladie, Cyril peut compter sur le soutien de sa compagne, touchée par cette nouvelle épreuve : «C'est terrible. J'ai l'impression qu'on porte atteinte à notre fils. On n'a pas perdu un animal de compagnie. On a perdu notre enfant. ».
Contacté, le groupe Samsic, la maison mère de Services 3D basée près de Rennes, n'a pas répondu à nos sollicitations. »
Que dire après un tel article sans tomber dans le sentimentalisme ?
Les circonstances politiques, légales et sociales permettent au patronat de se livrer aux pires excès. Plusieurs causes favorisent de tels comportements cyniques :
1. Le réservoir de main d'œuvre de près de 6 millions de travailleurs au chômage ou en situation d'extrême précarité incite le patronat à considérer le salarié comme une simple variable d'ajustement qu'il peut traiter comme n'importe quel stock...
2. La législation sociale est trop faible pour protéger le salarié de la toute puissance patronale et donner aux syndicats un véritable rôle dans l'entreprise.
3. Le pouvoir UMP applique le programme politique du Medef, et n'hésite pas ainsi à légaliser des comportement patronaux délictueux (cf. la loi Maillié).
4. Le principal parti d'opposition à l'UMP, le PS s'est soumis à l'idéologie néo-libérale et ne cherche même plus à envisager des pistes pour sortir ou fortement encadrer le capitalisme...
5. L'idéologie néo-libérale a lessivé toutes les valeurs morales et sociales dans les directions d'entreprise (cf. les Molex).
La combinaison de ces causes créé un climat d'insécurité sociale particulièrement défavorable aux classes populaires.
Tant que le rapport de forces ne changera pas, la peur ne changera pas de camp !
C'est tout l'enjeu de l'élargissement du Front de gauche pour construire une force politique puissante qui s'engage dans la bataille idéologique et propose un vrai programme de gouvernement, non pas pour servir de force d'appoint ou se contenter de témoigner mais pour vraiment gouverner !
Les révolutions de l'autre côté de la méditerranée démontrent que rien n'est figé... ni impossible : ici aussi la peur peut changer de camp...
PS : Au cours de notre recherche, hélas vaine pour dénicher d'autres sources d'informations, nous sommes tombés sur un forum de discussions... Au milieu du concert d'indignations, nous avons déniché une perle : un soutien décomplexé au patron. C'est probablement un exemple de l'iriposte de l'UMP ? C'est tellement stupide et méchant, cynique et inhumain que nous n'avons pu résister à en faire une petite capture d'écran :
NB : sur le même fait, on conseille Mécanique du Comité de salut public et la vidéo d'Europe 1