LE GECKO.
'(Souvenir d'enfance)
Le moite silence. La pénombre. Qui tapisse les hauts murs nus. La fraîcheur qui monte du carrelage du sol, aux vastes dalles noires et blanches.
Le grand lit, sous la moustiquaire. Et le sommeil, qui ne vient pas.
La sieste est une pénitence.
Mon corps d’enfant reste électrique.
Mon regard est fixé en haut.
Sur les pales du ventilateur. Qui tournent, sans discontinuer. Régularité flegmatique.
Et puis, il y a le gecko. Rigoureusement immobile.
Il devient ma seule compagnie. En l’attente de la délivrance…
Ventousé à la paroi pâle, il demeure, des heures durant, là.
Je lui envie sa position. Interdite à tout être humain.
Je le détaille. Il m’hypnotise. Est-il gris ? Rosâtre ? Ou les deux ?
Je n’arrive pas à le déterminer.
Le gecko. Mon compagnon de sieste …de sieste qui n’en est pas une. Mais qui se prolonge, de longues, longues heures…
Chaque jour, il est au rendez-vous ; fidèle au poste…et je le guette.
Moi, je n’arrête pas de gigoter.
Lui semble presque minéral.
Impassibilité troublante, indestructible. Comment fait-il ?
A-t-il conscience de ma présence…comme j’ai conscience de la sienne ?
Finalement, à force d’hypnose, il m’impose son temps. Je me calme.