Amnesty International s’est déclarée choquée par les accusations de trahison portées contre au moins 45 militants zimbabwéens qui pourraient être passibles de la peine capitale après leur arrestation lors d’une conférence sur les manifestations en Afrique du Nord.
Munyaradzi Gwisai, ancien député de l’opposition et 44 militants des droits de l’homme, syndicalistes et partisans d’une plus grande justice sociale ont été arrêtés par la police samedi 19 février alors qu’ils assistaient à une conférence intitulée Révolte en Égypte et en Tunisie. Les leçons à tirer pour le Zimbabwe et l’Afrique.
“Il s’agit clairement d’une réaction excessive de l’État à un débat dans lequel les participants ne faisaient qu’exercer leur droit légitime à la liberté d’expression que le gouvernement du Zimbabwe doit garantir conformément au droit national et international”, a déclaré Michelle Kagari, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique.
Amnesty International est également préoccupée par les informations qui lui sont parvenues selon lesquelles au moins sept des militants, dont Munyaradzi Gwisai, auraient été frappés en garde à vue par des agents de la Sûreté. L’organisation demande au gouvernement d’enquêter sur ces allégations.
“La sécurité des détenus reste un objet de préoccupation, la section chargée du maintien de l’ordre au sein du poste de la police centrale d’Harare étant notoirement connue pour ses mauvais traitements et actes de torture sur des militants en garde à vue sous sa responsabilité,” a déclaré Michelle Kagari.
“Ces violences persistantes prouvent la nécessité de réformer de toute urgence le secteur de la sécurité au Zimbabwe afin de mettre un terme à l’impunité pour les auteurs d’atteintes aux droits humains et à l’application partisane de la loi.”`
Les avocats de la défense ont déclaré à Amnesty International ne pas avoir eu la possibilité de rencontrer leurs clients et n’avoir été informés des charges pesant contre les militants que quelques minutes avant leur comparution devant la cour.
Les débats ont été ajournés suite aux protestations des avocats ; ils devraient reprendre le 28 février.
Amnesty International s’inquiète également des informations qui lui sont parvenues selon lesquelles des responsables pénitentiaires auraient empêché les avocats de la défense, au tribunal de première instance de Harare, de prendre les instructions de leurs clients avant leur transfert à la maison d’arrêt de Harare et à la prison de haute sécurité de Chikurubi.
“Cette restriction au droit des militants à consulter leur avocat est inutile et jette un doute sérieux sur la probabilité d’un procès équitable pour les détenus“ , a déclaré Michelle Kagari.
“La police continue d’appliquer la loi de façon sélective, en faveur du parti du président Robert Mugabe, l’Union nationale africaine du Zimbabwe – Front patriotique (ZANU-PF)“.
En janvier, des militants du ZANU-PF ont attaqué des partisans de l’opposition à Mbare, dans la banlieue de Harare mais à ce jour, la police n’a arrêté personne.
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Amnesty International :