Scénariste : Olivier Mau
Dessinateur : Stéphane Lenglet
Parution : Octobre 2009
Olivier Mau est un romancier qui s’est tourné récemment vers l’écriture de bandes dessinées. Avec « Bonne nuit les petits », il collabore avec Stéphane Lenglet au dessin. Cette BD est un one shot de 80 pages se déroulant sur une journée et mettant en lumière les personnages de Jeanne et Fabrice, 18 ans.
Mau décrit ainsi deux visions de la jeunesse. D’un côté Jeanne, jeune actrice qui multiplie les petits boulots pour survivre et de l’autre Fabrice, fils de riches et complètement débauché. A la fin de la journée, Fabrice fête son dix-huitième anniversaire où Jeanne participera en tant d’employée. Le tout est découpé en chapitres, chaque chapitre nous faisant passer de l’un à l’autre des deux personnages principaux.
Finalement, on retrouve une description de la jeunesse particulièrement noire et finalement très féministe. En effet, Jeanne passe son temps à subir les remarques grivoises et misogynes de tous les mâles qu’elle croise. De même, Fabrice se paye des prostituées qu’il maltraite, considérant que l’argent lui donne tous les droits. Malheureusement, à trop vouloir être didactique, les auteurs s’enfoncent dans une vision extrême qui frise la caricature. Jeanne a ainsi pas moins de quatre boulots dans sa vie dans lesquels elle est systématiquement méprisée et harcelée. Quant à Fabrice, il est tellement ignoble et imbécile qu’on est en droit de se demander si un peu plus de subtilité n’aurait pas donné plus d’ampleur à son personnage. Il manque à un moment un juste milieu, une bouffée d’air frais pour nous faire avaler la pilule.
Le dessin, assuré par Lenglet, est très expressif. Les personnages ont des visages longs et anguleux, dans de grandes cases. La noirceur du propos est parfaitement retranscrite, amplifiée par l’utilisation d’une colorisation en niveaux de gris. On retrouve parfaitement la tristesse de Jeanne et la folie de Fabrice. Cependant, j’avoue ne pas avoir été séduit plus que ça par le dessin de Lenglet, la faute à des visages qui se ressemblent beaucoup (notamment dans leurs expressions). Cependant, ce n’est nullement une gêne dans la lecture.
Au final, il manque un peu d’épaisseur dans cette BD. Certes, le propos, très noir, est bien retranscrit mais est trop appuyé. Finalement, il manque peut-être une véritable histoire dans cet ouvrage qui ressemble plus à une description de deux mondes que tout sépare. Une chronique sociale très défaitiste en quelque sorte.
par Belzaran
Note : 11/20