Le chevreuil s'était résigné. Ils étaient trop nombreux, une bonne vingtaine à vue de nez. Certes, il n'allait pas faire le poireau pour faire plaisir à ces types, pas de raison de leur faciliter la tâche...
Mais il devinait confusément que c'était très mal barré pour lui. Ce dimanche 27 février risquait d'être son dernier dimanche de l'année et le dernier de son existence. Il avait longtemps pensé à ce moment là, quand tout bascule dans le néant. Il avait envie de pleurer...Ce n'était pas tant la mort qui lui faisait peur, non, c'était l'idée de savoir qu'il ne verrait plus aucun printemps, qu'il ne goûterait plus aux jeunes pousses, au vert si tendre et si riche de promesses d'aubes radieuses.
Les carottes étaient cuites, la battue était menée par des viandards expérimentés, ça se voyait.
Si encore l'après-midi était un peu plus avancé, il aurait pu profiter de la pénombre pour s'échapper mais en l'espèce, il faisait encore bien clair, au lieu-dit La Louvardière.
Bordel, c'est pas de bol, avec 2 heures de plus, ils seraient retournés chez eux, ces tueurs...satisfaits d'eux-mêmes et de leurs prises sanglantes.
Le coup de feu éclata.
La balle le traversa de part en part.
L'homme (56 ans) s'écroula, touché à mort.
On appelle (à tarte) ça un asquident de chasse.
Yeap ! Le chevreuil se tailla à fond les manettes, songeant que dans à peine un mois, ce sera le printemps. Que c'est bon la vie !