Nagasaki

Par Fibula
Nagasaki, Eric Faye, Editions Stock, 2010
Le titre de ce très court roman ainsi que l'histoire présentée en quatrième de couverture m'ont incité à acquérir le dernier ouvrage d'Eric Faye.
Grand prix de l'Académie française, il narre un fait divers japonais assez insolite : un cadre d'une station météorologique vit seul son morne quotidien, entre un boulot qui l'occupe jusqu'au soir et sa vie tranquille tranquille quand il rentre chez lui.Et c'est dans son habitation, précisément, qu'il constate des choses étranges. Des détails qui diffèrent entre son départ et son retour.Il a l'impression que son univers familier est chaque fois légèrement différent. Ainsi au bout de quelques temps il commence à se poser des questions...  : «Tiens j'avais pourtant rangé mes knackis ici ??!!» ou encore « Mais j'étais pourtant certain qu'il y avait 367 sucres blancs et 7 roux dans mon sucrier. Mazette ! »...Se demandant s'il n'est pas en train de devenir fou, il décide de monter une petite caméra, de la connecter sur Internet et de voir ce qui se passe chez lui quand il n'y est pas, tout cela depuis son bureau...Et... Ta daaam ! Rapidement, il comprend pourquoi ses rations de weetabix maigrissent chaque jour un peu plus ; et ça c'est vraiment un mystère parce que je sais pas si vous avez gouté, mais c'est vraiment dégueu.
Bon, ben, il découvre le pot aux roses et puis après s'ensuit l'histoire malheureuse de la petite souris qui a mangé les weetabix et qui a oublié de bien refermer le paquet pour ne pas se faire prendre.
Et puis, une fois la torture de son histoire passée - oui c'est vraiment triste, mais en même temps, que c'est ennuyeux! - le roman s'achève sur une condamnation de la méchante société capitaliste ? Non. Sur une critique alors ? Mouais. Je sais pas trop en fait. Ça se termine un peu comme un flan, à plat, très à la française, un peu en queue de poisson genre "là il faut que je finisse l'histoire et que je passe à autre chose".
Alors je suis un peu méchant, méchant. D'autant que j'ai beaucoup apprécié l'écriture et que le lieu et le sujet de départ avaient tout pour m'attirer.Hélas, ce roman est mou, les personnages sont insipides et la morale à la française sonne comme une vieille rengaine à la Yann Arthus-Bertrand : que c'est fatiguant à la fin... Les gens ont des yeux, des oreilles et une cervelle qui fonctionnent dans la plupart des cas. Pas besoin d'en rajouter encore une couche supplémentaire...
C'est dommage et en même temps, j'avoue que j'ai envie de lire un autre livre de cet auteur, de lui donner une autre chance, parce qu'il écrit bien et que c'est quand même assez rare de nos jours.
Mais peut-être ai-je trop baigné dans un univers nippon pour être dépaysé ? Il est vrai qu'en rajoutant le côté "exotique" de la société japonaise, les us et coutumes, les travers, le mode d'habitation, etc... Peut-être cela rend-il le récit moins faiblard ? Hélas, je suis assez mal placé pour le dire. J'attends bien évidemment vos remarques à ce sujet.
Il se trouve que cet ouvrage faisait partie de ma petite sélection de voyage. Heureusement, il était bien accompagné... Très très bien accompagné par Invisible, de Paul Auster... Qui n'a rien à voir. Que je ne pourrai donc pas comparer. Qui lui, m'a vraiment happé...
Nagasaki, Un Vide Japonais par Eric Faye
[François Nicaise]
Humeur musicale : Antoine Corriveau, St-Maurice / Logan (indépendant, 2011)