Stopper le nouveau programme Nutrition Nord Canada, le temps d’en mesurer les impacts. Voilà ce que demandent l’Administration régionale Kativik et la régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik. «On n’a pas encore eu de réponse d’Ottawa», déplore Serge Déry, directeur de la santé publique du Nunavik.
S’il est inquiet, c’est parce que 43% des ménages du Nunavik vivent en dessous du seuil de la pauvreté, contre 17% pour le Québec, selon la Régie. «La prévalence de l’insécurité alimentaire est élevée, souligne le Dr Déry. Toute hausse des coûts empire la situation.»
«Ce qui est terrible, ici, c’est que le coût de la vie est déjà très élevé», souligne Margaret Gauvin, de l’Administration régionale Kativik. Un panier de provisions de 100$ à Québec coûtait 160$ au Nunavik en 2006, selon le programme statistique du Nunavik.
Dur d’acheter du lait maternisé
L’envolée récente des prix «touche vraiment les résidants, confirme Isabelle Dubois, de l’association touristique du Nunavik, qui vit à Kuujjuaq depuis 10 ans. On fait attention en faisant l’épicerie.»
Avec de nombreuses bouches à nourrir, les Inuits sont plus touchés que les travailleurs originaires du Sud, dont les employeurs financent l’envoi de colis. «Six cents dollars par semaine pour la nourriture, ce n’est parfois pas assez pour une famille de six comme la mienne», a témoigné un lecteur sur le site internet du journal Nunatsiaq, de Kuujjuaq.
«On sait que la femme qui a de la difficulté à acheter du lait maternisé va donner du Pepsi ou du Coke à son enfant», s’alarme Yvon Lévesque, député bloquiste d’Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou.
Fin de la subvention provinciale?
La situation pourrait encore s’aggraver. Grâce à une subvention de Québec visant à réduire le coût de la vie au Nunavik, les marchands accordent des rabais de 20% sur une vingtaine de produits de base, comme le lait, les oeufs, les couches et le détergent. Or, ce programme expire le 31 mars et l’Administration régionale Kativik ne sait toujours pas s’il sera reconduit.
Dans le pire des scénarios, tant Aliments-poste que le programme provincial prendront fin le 1er avril. «Le prix de certains aliments pourrait monter de 60%, estime Gérard Duhaime, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la condition autochtone comparée de l’Université Laval. Ça n’a pas d’allure, dans un contexte où on est déjà aux prises avec un problème de pauvreté.»
Val-d’Or a beaucoup à perdre avec la fin du programme Alimentsposte. Après le 1er avril, les denrées envoyées par avion au Nunavik et dans l’île de Baffin ne devront plus partir de cette ville, comme c’est le cas actuellement. «Ça va nuire à l’économie du Québec», prévoit Yvon Lévesque, député bloquiste d’AbitibiBaie-JamesNunavik Eeyou. Déjà, des mises à pied ont été annoncées, a-t-il dit.
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À KUUJJUAQ, AU NUNAVIK:
> Jus de tomates Heinz (1,36 L):
8,51$ contre 5,42$ avant le 3 octobre.
> Confiture Double fruit (500ml):
9,17$ contre 7,54$ avant le 3 octobre.
Note : Prix dans une épicerie de Kuujjuaq, Nunavik.
Prix pour envoyer par avion à Puvirnituq, au Nunavik:
> 10 x 2 kg de sucre: 147,38$ depuis le 3 octobre. Avant : 21,05$.
Hausse de 600% du coût de transport.
> 24 x 500g de spaghetti Catelli:
92,20$ depuis le 3 octobre. Avant: 13,45$. Hausse de 585% du coût de transport.
> 4 x 4 L de lait 2%: 73,08$ à compter du 1er avril. Avant : 15,15$.
Hausse de 382% du coût de transport.
> 6 x 900g de lait maternisé
Enfalac: 28,42$ à compter du 1er avril. Avant : 6,35$. Hausse de 348% du coût de transport.
Source : Robert Pelletier, président des Consultants de l’Arctique.
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Produits dont l’expédition n’est plus subventionnée *
Conserves de fruits, légumes, viandes, poissons, légumineuses, soupes
> Riz, pâtes sèches, farine
> Crème, fromage à la crème, crème glacée, yogourt glacé, fromage fondu à tartiner
> Eau
> Épices, sel, sucre, levure, café, thé
> Confiture, miel, sirop, condiments
> Couches, lingettes, papier hygiénique, produits d’hygiène féminine
> Dentifrice, shampooing, savon, lotion, déodorants, détergents, etc.
Au total: 2700 produits ne sont plus subventionnés, selon la North West Company, citée par le journal Nunatsiaq d’Iqaluit.
*Produits retirés de la liste des articles admissibles pour expédition dans 135 collectivités isolées du Nord du Canada, dans le cadre du programme Aliments-poste, depuis le 3 octobre 2010.