A travers le portrait d’un Chilien sans histoire, ce film livre tous les enjeux d’une période trouble du pays. Des mouvements de contestation de la jeunesse communiste aux meurtres de masses perpétrés par les militaires jusqu’à l’autopsie du corps du Président Allende, Pablo Larrain montre tout à travers les yeux de son héros trouble.
Il flotte comme un air du Roi des Aulnes (Michel Tournier) et des Bienveillantes (Jonathan Littell) dans le troisième film de ce réalisateur chilien. Un homme sans histoire, victime d’une obsession, plongée par la force des choses dans le déferlement de l’Histoire. Plaqué sur des images froides – Pablo Larraín a utilisé des objectifs russes des années 70 pour obtenir ce rendu – Post mortem suggère plus qu’il ne montre, évoque plus qu’il ne raconte, dérange plus qu’il n’instruit. Parce que le spectateur qui ne connaît pas les événements chiliens risque d’être largué et pourrait bien ne pas saisir la portée d’un tel pamphlet, il pèche parfois par excès de zèle : successions de plans fixes après successions de plans fixes, le film se veut sombre, il en devient glacial parfois, long souvent. Surtout dans sa première moitié.
- Mario Cornejo – impeccable et inquiétant Alfredo Castro – est confronté aux massacres des opposants de Pinochet (photo DR)
La seconde, elle, n’est plus glaciale mais glaçante. Des corps par dizaines arrivent à la morgue, s’entassent dans les couloirs, encombrent les escaliers. Un choc, tant pour le spectateur que pour les protagonistes. C’est là que la vraie nature de ce Mario va réellement se dévoiler. Et c’est aussi là que l’on comprend comment le peuple chilien de l’époque s’est scindé en deux.
S’il ne fait pas mouche de bout en bout, Santiago 73, post mortem mérite tout de même que l’on s’y arrête. Pour découvrir le regard différent d’une personne qui n’a pas connu le coup d’Etat mais qui en a subi les conséquences.
Au cinéma depuis le 16 février. 1h38. Avec Alfredo Castro, Antonia Zegers, Jaime Vadell…
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