Saïd AFOULOUS
Les Italiens au Maroc
Elisa Chimenti l'Italienne de Tanger
Elisa Chimenti jusqu'à 2009 était connue d'une minorité de personnes qui ne se souvenaient même plus de sa tombe dans le cimetière chrétien de la ville du Détroit. Dans une note en bas de page du livre « Eclats de mémoire » il est écrit :
« Grâce au Consul général d'Italie, on a réussi à repérer récemment la tombe d'Elisa Chimenti à Tanger, dans un état d'abandon déplorable. Elle va être restaurée pour lui restituer la dignité qu'elle mérite ».
C'est fin 2009 début 2010 qu'une anthologie des œuvres de cet auteur italienne, ayant vécu au Maroc, a été publiée et c'est en mars 2010 que la Fondation portant son nom a été créée à Tanger, ville d'adoption de l'auteur du roman « Au cœur du harem ». Ces événements tardifs d'hommage coupent brutalement avec quarante années d'oubli soit un long purgatoire qui a duré imperturbablement depuis la mort de l'écrivain en 1969. Mais ce dit purgatoire avait en fait commencé bien avant sa mort. Elisa Chimenti était en effet tombée dans l'oubli depuis la fin des années 50 pour mourir presque dans la misère et l'abandon. En 1959, d'anciens élèves et enseignants de l'école italienne adressent une correspondance au Consul italien de Tanger pour « intéresser Rome à ce cas unique » de première enseignante italienne au Maroc. L'objectif était de la faire bénéficier d'une retraite à l'âge de soixante-seize ans. Niet. Les autorités italiennes s'étaient contentées de lui attribuer une médaille.
Mais qui est Elisa Chimenti ? Dans l'anthologie publiée par les éditions Sirocco et Senso Unico (887 pages), Ahmed Benchekroun, ancien secrétaire particulier de l'écrivain, décrit le caractère d'une femme qui a légué totalement sa vie à l'enseignement des langues en fondant avec sa mère en 1914 la première école italienne au Maroc, une école multiconfessionnelle, en étant aussi l'unique européenne à enseigner dans la médersa du grand a'lim érudit marocain Abdellah Guennoun célèbre auteur de « Annoubough al-maghribi » et qui l'appelait « ma sœur ».
Dans la courte biographie écrite par Maria Pia Tamburlini on apprend qu'elle connaissait beaucoup de langues et enseignait aussi bien le français que l'arabe classique.
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http://www.lopinion.ma/def.asp?codelangue=23&id_info=19126&date_ar=2011-2-26%2015:1:00