Magazine Bd
Hureau © La Boîte à Bulles - 2011Par une après-midi ensoleillée, Didi et Matéo, deux jeunes frères à l’imagination galopante, partent cueillir des prunes dans un jardin du voisinage. Soudain l’attention des garçons se porte sur une vieille maison abandonnée. Intrigués, le taux d’adrénaline à bloc et gonflés de fierté à l’idée de braver l’interdit parental, ils pénètrent dans la grande propriété abandonnée. Ils arpentent les longs couloirs de cette maison quand ils tombent nez-à-nez avec « Princesse », une jeune fille au sale caractère et chef d’une bande d’enfants des rues. Matéo et Didi sont faits prisonniers et la bande les menace de leur tailler les oreilles en pointes. Seule alternative pour échapper au supplice : partir explorer « les contrées interdites » et en revenir vivants ! En grand frère « responsable », Matéo accepte de relever le défi qui leur est lancé.C’est le début de nouvelles amitiés, les deux frères passent de plus en plus de temps avec leurs nouveaux copains dans l’enceinte de la vieille bâtisse jusqu’au jour où ils apprennent qu’un immense projet immobilier menace l’avenir de ce terrain de jeux fantastiques et merveilleux.-Quand Mo’ se laisse tenter par des lectures inhabituelles, c’est avec beaucoup d’appréhension qu’elle plonge dans de nouveaux univers. Et parfois, c’est agréable de sortir des sentiers battus. Car il faut bien avouer que cet album n’avait pas trop attiré mon attention, si ce n’est qu’il a été réalisé par l’auteur de Hautes Œuvres dont je vous avais parlé il y a quelques temps. Je rédige cet avis suite à deux lectures : l’une seule et l’autre accompagnée de Monsieur Lutin. Cette découverte nous a plus à tous les deux mais j’ai constaté que Monsieur Lutin est encore un peu jeune pour appréhender cet album. Toute la partie des promoteurs, où il est notamment question de permis de construire, de patrimoine historique et de recours en justice, est hors de sa portée car il n’en matérialise pas les tenants et les aboutissants (j’ai du faire quelques détours pour lui donner des explications).Voici donc un ouvrage tout public, même si le petit lecteur devra attendre 8-9 ans pour l’apprécier complètement. Publié pour la première fois en 2006 par Delcourt, il est passé inaperçu à l’époque. La Boîte à bulles le réédite et l’intègre à sa collection « La malle aux images » avec deux bonnes modifications au passage. Tout d’abord, le format plus petit le rend plus convivial. Ensuite, la colorisation initiale de Simon Hureau est retravaillée et réalisée, dans cette nouvelle version, par Romuald Reutimann.Ce conte urbain est séduisant et l’espace imaginaire que Simon Hureau invente intra-muros m’a irrémédiablement fait penser à une version moderne de Peter Pan, où le capitaine Crochet et ses horribles sbires auraient mis au placard épées, cache-œil et bandeaux pour s’équiper d’armes plus modernes : costumes – cravates, attachés-case et lunettes rondes. Quelle alternative les enfants vont-ils trouver pour contrecarrer l’intrusion des adultes dans leur monde ? Le récit nous emporte malgré son ambiguïté. Le duo principal de l’intrigue est Matéo et « La Princesse », ils sont tous deux en âge de quitter l’enfance pour faire leurs premiers pas dans l’adolescence. La particularité de cette période de la vie crée une dualité dans l’intrigue : nous sommes en permanence partagés entre l’importance du monde imaginaire et l’émergence d’un regard nouveau sur le monde. Quant à Didi, sa présence peut paraître encombrante sur certains passages mais dans l’ensemble, elle contribue largement à dédramatiser la situation. Le ton humoristique passe beaucoup par ce jeune personnage.Une ambiguïté qui se matérialise aussi bien dans le scénario que dans les visuels de l’album. A ce sujet, je suis impressionnée par le changement de style graphique de Simon Hureau : exit le côté précieux, raffiné et vieillot de Hautes Œuvres qui, je le rappelle, nous emmenait en 1757. Ici, le dessin est rond, le trait est plus épais, les personnages sont patauds et la retranscription de leurs gestuelles manque de finesse. On ressent le goût de l’aventure et de la liberté mais cette magie se perd à l’arrivée des promoteurs immobiliers. Dès lors, l’ambiance est tantôt lourde tantôt naïve et la colorisation initialement chaleureuse, devient capiteuse.Un album agréable ce qui est dû, en grande partie, à cette impression de liberté liée à l’enfance (vision devenue très utopique à force d’entendre tous ces faits divers plus dramatiques les uns que les autres aux informations). Des personnages attachants que l’on va accompagner, le temps de 48 planches, dans cette période si particulière du début de l’adolescence. Ma nostalgie à l’égard de mes épopées d’enfant a trouvé écho dans l’émerveillement que ce récit a créé chez Monsieur Lutin… à moins que ce ne soit l’inverse… Je suis pourtant déçue de savoir qu’il n’y aura pas de suite à cette histoire car j’ai du mal à me contenter de la suite peu optimiste que j’imagine pour ce récit… Monsieur Lutin quant à lui, est certain du contraire ! ^^D’autres avis en ligne : Angle[s] de vue, WongLi.Je remercie La Boîte à bulles pour cette découverte ! L’Empire des Hauts MursOne ShotÉditeur : La Boîte à BullesCollection : La Malle aux imagesDessinateur / Scénariste : Simon HUREAUDépôt légal : février 2011Bulles bulles bulles…L’Empire des Hauts murs – Hureau © La Boîte à bulles – 2011L’Empire des Hauts murs – Hureau © La Boîte à bulles – 2011L’Empire des Hauts murs – Hureau © La Boîte à bulles – 2011