Cyril Le Deejay, programmateur du festival « Bol De Funk » qui fait ce soir le plein vient lui même présenter l’affiche classieuse de cette déjà 9ème édition.
Concert de grande qualité qui verra se succèder deux chanteurs accompagnés du même groupe, aucun temps mort entre les deux prestations qui seront suivi d’une after dj’s au Café Julien.
Le Menahan Street Band est LA section rythmique idéale pour animer cette soirée, avec en son sein des musiciens déjà vus à Marseille avec les Antibalas et Sharon Jones.
Plusieurs cuivres, un clavier, un guitariste et un bassiste au groove limpide, complexe mais jamais trop technique, tout au service du chant.
C’est le groupe qui a enregistré « No Time For Dreaming », le premier album de cet incroyable Charles Bradley qui va envouter la scène au point de voler la vedette à Lee Fields.
L’histoire ne dit pas si ses plats étaient aussi bons que son disque, mais après avoir vu ce concert on se dit qu’il aurait été dommage que cet émule de James Brown n’ait jamais fait parler de lui.
Tous les ingrédients d’une soul enflammée sont réunis : une voix caverneuse et puissante, des textes déchirants, un charisme époustouflant.
Dès les premières notes de « This world is going up in flames » on est transporté par ce personnage, on a du mal à en croire ses yeux et ses oreilles.
Le public, conquis, renvoie tout autant de vibrations que ses « I love you too » répétés avec une sincérité désarmante.
Chaque chanson est autant un moment fort que la précédente, avec une mention toute particulière pour « How Long » et sa reprise du « Heart Of Gold » de Neil Young.
Son jeu de scène est au diapason, parfois théatral, et l’alchimie avec ses musiciens parfaite.
Il s’en va en serrant les mains des auditeurs au premier rang, sous une énorme ovation.
Comme écrit plus haut, le soufflé ne retombe pas puisque le Menahan Street Band enchaîne avec un interlude propice à la venue de Lee Fields.
C’est pourtant une vraie bête de scène, nettement plus énergique, à la sensualité redoutable (irrésistible « Ladies ») mais peut être plus prévisible aussi.
Du bon son néanmoins, avec des reprises piquantes de James Brown, des Supremes et au rappel l’immortel « Sunny » d’Herbie Mann.
Avant ce rappel on aura pu se délecter d’un nouvel intermède instrumental du backing band avec le sublime « Make the Road By Walking » récement samplé par Jay-Z et d’un bref retour du sieur Bradley.
Pas de duo entre les deux pour autant, le seul petit regret de cette soirée que les amateurs du genre ne sont pas prêts d’oublier.