Le gouvernement britannique a promis de supprimer le déficit d'ici 5 ans. Un programme ambitieux : il faut trouver 90 milliards de Livres Sterling d'économies. Pour cela le gouvernement de coalition Libéral-Conservateur (mais en fait Conservateur dans l'âme) dit savoir comment faire. C'est une méthode en 2 temps, qui se veulent simultanés:
A. Réduire les dépenses publiques:
- Supprimer 500 000 fonctionnaires.
- Mais comme ceux ci vont alourdir les demandes d'indemnisation chômage, diminuer celles ci et les supprimer pour certains.
- Réduire les allocations (supprimer les allocations familiales si 1 de ses membres gagne 50% de plus que le salaire moyen).
- Réduire les services publiques.
- Faire appel à la bonne volonté de chacun pour remplacer gratuitement (bénévolement) ces services (appel aux bonnes âmes - en novlangue du Conservatisme anglais cela s'appelle The Big Society).
- Hausse de la TVA (euh, pour que les ménages consomment plus ?)
B. Prier pour que la relance de l'économie conduise le secteur privé (qui poursuit donc son intérêt privé, celui de ses dirigeants, actionnaires) à compenser tout cela en employant à tour de bras et en dépensant ici et là.
Nick Clegg, deputy Prime-Minister et Liberal Democrat, déclarait début février: "Si le gouvernement de coalition paie simplement le déficit, mais laisse l'économie sous-jacente inchangée, nous aurons échoué".
Le problème est: si l'économie britannique ne redémarre pas, il y aura beaucoup moins de rentrées fiscales. Qui dit moins de rentrées fiscales, dit aussi plus gros déficit à budget constant, ou un déficit similaire malgré des efforts de baisse des dépenses.
Bref, les dirigeants britanniques font un pari. Si cela fonctionne, à eux les honneurs ; si cela ne marche pas, "oups !" : la plupart sont millionnaires (c'est le cas du Prime Minister, du Deputy Prime Minister et du Chancelier de l'Échiquier) donc pas grave, ils feront autre chose. Pour la majorité des britanniques ce sera une catastrophe, peut être de l'ampleur d'une génération.
Lorsque j'étais à l'école, on m'apprenait les grands courants de la pensée économique : Keynes (la demande crée l'offre) vs JB Say (l'offre crée la demande) et Friedman. J'avais un peu tendance à penser que c'était de la théorie, et qu'en pratique on fait gaffe et on est pragmatique.
Tout montre que j'avais tort. Alors que le PIB britannique a baissé au 4e trimestre 2010, le gouvernement anglais semble s'inspirer du Président Americain Hoover qui fit campagne contre le candidat démocrate Franklin Delano Roosevelt et son programme de « New Deal » : le premier accentua la crise de 1929 et c'est FDR qui devra réparer le pays cassé par son prédécesseur à partir de 1933.
Courage. Prions.