Quelques chiffres sur le logement social
En Ile-de-France, 70% de la population est éligible au logement social. Oui, 70%, alors que la loi n’oblige les communes à n’avoir « que » 20% de logements sociaux. Pour autant ce n’est pas 70% de la population qui vit dans des conditions miséreuses, d’où sort alors ce chiffre idyllique de 20% que les communes se doivent d’atteindre sous peine d’amendes et de sanctions ?
Élu d’une commune des Yvelines d’un peu moins de 20.000 habitants j’ai pu éprouver l’absurdité de la loi SRU, notamment à travers les variantes de la définition du logement social. En effet, logement social ne signifie pas HLM, ni logement pour pauvres, comme la majorité de la population le pense. Une commune proche de la mienne est ainsi passée, en une nuit, de 27% de logements sociaux à 12%. Combien de logements ont-ils détruit cette nuit là ? Aucun, mais à l’Assemblée une loi a modifié la définition du logement social, si bien qu’une grande partie de leurs logements qui était classée en social s’est retrouvée déclassifiée. Cette commune risque maintenant de se faire pénaliser parce qu’elle est sous la barre fatidique des 20%, alors même que ses logements et sa population à problème demeure.
Une autre commune à eu plus de chance : sa maison de retraite a été classée en logement social, ce qui a permis aux résidents de recevoir des aides pour payer leur loyer, alors que leurs pensions ne le leur permettaient pas. Les socialistes de l’opposition ont toutefois été furieux, arguant que ce n’était pas une création de logements, donc qu’il était injuste que cela compte dans la loi SRU.
Un autre fait qui pourra surprendre : les offices HLM font tout leur possible pour n’avoir chez eux que des personnes en bonne situation financière, car elles seules payent régulièrement leur loyer. Les plus pauvres ne sont donc pas dans des HLM, dans le logement social d’État, mais dans le parc locatif privé, vivant dans des conditions parfois indignes. Mais on sait aussi qu’à force d’avoir trop protégé les locataires on a découragé les propriétaires.
Comme les conditions de ressources ne sont jamais réévaluées il est très difficile de sortir des HLM une fois que l’on y est entré. Et comme la situation professionnelle peut fortement varier entre 25 et 35 ans cela peut aboutir à des situations cocasses ou pitoyables selon le regard que l’ont porte. Les élus pourront donner de nombreux exemples de fonctionnaires de catégorie A, voire même d’énarques, logés dans un HLM acquis du temps de leurs études, qu’ils ont réussi à conserver, et qu’ils sous-louent, ou bien qu’ils habitant, tout en se faisant bâtir une résidence secondaire à la montagne ou à la mer. Maison bien sûr payée par les impôts.
Une loi purement politique
Ces quelques exemples pour démontrer l’inanité du logement social, de la loi SRU, et de toutes les lois qui servent à faire pallier à l’Etat les inconséquences des hommes. Pour autant la loi SRU n’est-elle que le fruit d’une mythomanie irénique ? Non, c’est une loi purement politique, et les socialistes du gouvernement Jospin savaient très bien ce qu’ils faisaient. Voici une confidence qui me fut faite par un élu d’opposition, un soir d’élection perdue par eux : « Pour nous, le seul moyen de gagner la commune c’est de faire du logement social. La population des logements sociaux nous est favorable. » Commentaire lucide sur une situation réelle. En obligeant les communes à avoir 20% de logements sociaux, sans tenir compte de leur besoin, de leur état financier et de leurs réserves foncières, on les oblige en réalité à intégrer chez elles une forte dose de population électoralement proche des idées socialistes. C’est donc un subtil moyen de s’assurer des victoires électorales. Chaque maire essaye bien sûr de purifier électoralement sa population pour s’assurer la victoire, mais avec la loi SRU cela atteint des proportions affligeantes. Non content d’être une loi inutile, ruineuse et perverse la loi SRU est en plus un boulet électoral.