Trouble obsessionnel compulsif

Publié le 27 février 2011 par Darouich1

Psychopathologie

Les troubles obsessionnels compulsifs associent des idées obsédantes (obsessions) et des actes répétitifs (compulsions) que le dispositif de classification DSM-IV caractérise ainsi[1] :

  • Obsessions : idéations, phobies (par exemple, une crainte excessive d'être souillé ou contaminé) ;
  • Compulsions : rites conjuratoires, pensées magiques (par exemple, se livrer à des calculs mentaux), actes que le sujet sait absurdes mais qu'il doit accomplir pour soulager son anxiété. Ce sont fréquemment des exacerbations d'actes normaux (par exemple, des lavages longs et particulièrement souvent renouvelés).

Les troubles obsessionnels compulsifs ne se réfèrent que de loin à la névrose obsessionnelle et ont peu à voir avec le trouble de la personnalité obsessionnelle.

Symptômes

Les troubles obsessionnels compulsifs se manifestent sous plusieurs formes. Les symptômes sont proches de ceux du syndrome dépressif avec trouble de la personnalité, anxiété et expression d'une phobie.

Les manifestations sont particulièrement variées, et s'expriment typiquement dans la mise en œuvre d'actions rituelles.

Le lavage

Trouble d'origine phobique qui pousse un individu à devoir nettoyer ainsi qu'à se laver en permanence, par peur de contamination, de souillure ou de salissure en tout genre. Il peut occasionnellementprovenir d'hypocondrie,

La vérification

Trouble qui consiste à vérifier plusieurs fois de suite un fait ou une action qui pourrait avoir un effet négatif. A titre d'exemple, vérifier le gaz, les portes, la lumière plusieurs fois.
Cependant, cela peut même concerner des choses futiles tel que l'orthographe d'un texte ou le résultat d'une opération mathématique.

L'obsession-impulsion

Trouble phobique des personnes ayant peur de passer à l'acte, de perdre le contrôle de soi ou de faire quelque chose contre leur gré sans s'en rendre compte. La personne lutte en permanence contre ses idées et doit s'assurer en permanence de ce qu'il vient de faire.

  • Peur de tuer quelqu'un
  • Peur d'être violent avec quelqu'un
  • Peur de se suicider
  • Peur d'incendier
  • Peur de casser
  • Peur de voler
  • Peur que des mots nous échappent

Le syndrome de lenteur primaire

Syndrome rare qui entraîne une lenteur excessive dans la réalisation de certaines actions de la vie quotidienne. Principalement, car le patient s'assure par son extrême application qu'il ne peut entraîner de catastrophe, qu'il n'oublie rien ou qu'il agit idéalement, selon l'obsession contre laquelle il tente de lutter.

La syllogomanie

Article détaillé : Syllogomanie.

Personnes collectant des tas d'objets sans jamais pouvoir/vouloir s'en débarrasser. Elles peuvent concerner une seule catégorie d'objet ou l'ensemble des objets sans différenciation.

Les TOCs d'ordre

Personnes obsédées par la symétrie, l'ordre et le rangement. Quelquefois, le lavage compulsif ne provient pas d'une phobie et fait par conséquent partie de cette catégorie.

Les compulsions cachées (ou compulsions cognitives)

Caractérise l'ensemble des TOCs n'entrainant aucun rituel physique. Tout se passe dans la tête.

  • Se répéter sans cesse des phrases (quelquefois sous forme de prières répétitives)
  • Se répéter sans cesse un ou plusieurs mots/nombres
  • Calculer incessamment, additionner, retrancher... (voir Arithmomanie)
  • Pensées blasphématoires

La rumination

La rumination se définit par un ressassement permanent d'idées dans sa tête. Elles se différencient de la compulsion cachée pure car elle concerne des idées plutôt que des choses abstraites, et peut être accompagnée de rituels. La personne sait au fond d'elle-même qu'elle n'adhère pas à ces idées, mais se contraint tout de même à s'interroger dessus. Ruminations les plus courantes :

  • Peur d'être homosexuel
  • Peur de ne plus aimer quelqu'un
  • Peur d'être pédophile
  • Questionnements méta-physiques permanents

Dans l'ensemble des cas, si une peur de passer à l'acte intervient, nous sommes dans le cas de phobies d'impulsion.

Autres symptômes

  • Avoir peur de vomir (Émétophobie)
  • S'arracher des mèches de cheveux, des cils ou des sourcils (Trichotillomanie)
  • Se ronger les ongles (Onychophagie)
  • Achats incontrôlés et excessifs
  • Troubles du comportement alimentaire (Anorexie, Boulimie)
  • Peur d'avoir un TOC, qu'un TOC revienne (ce qui créé un TOC en soi ou en déclenche finalement un)
  • Avoir peur de toucher certaines choses quand on passe devant
  • Toucher certaines choses un nombre de fois pair ou impair
  • Déplacer et replacer des objets (sentiment qu'ils sont mal rangés ou mal situés)
  • Éviter de marcher sur des lignes au sol
  • Le comptage (le fait de compter tout et n'importe quoi)

Traitements reconnus

  • Psychothérapie cognitivo-comportementale. Il s'agit de la psychothérapie la plus fréquemment recommandée pour le traitement de ce trouble.
  • Antidépresseurs inhibant la recapture de la sérotonine (ISRS). Ce sont les traitements médicamenteux préconisés. Ils nécessitent une posologie supérieure à celle utilisée dans les épisodes dépressifs (fréquemment trois fois plus importante). Le délai d'apparition des effets thérapeutiques peut atteindre trois mois, soit nettement plus que celui indispensable au traitement d'un épisode dépressif.

La prise en charge des TOC repose sur la prescription d'un traitement par inhibiteur de la recapture de la sérotonine à fortes doses et/ou sur une thérapie cognitivo-comportementale.

Dans les cas sévères, c'est l'association des deux qui est la plus efficace.

Autres traitements

  • Traitement de l'angoisse par anxiolytiques. Ils sont peu utiles contre les TOCs eux-mêmes et peuvent entraîner une dépendance ou modifier la personnalité de manière plus ou moindre.
  • La cure psychanalytique n'a pas réussi à prouver son efficacité dans le traitement de cette pathologie.
  • La stimulation cérébrale profonde (par implantation d'électrodes dans les noyaux sous-thalamiques) a été testée avec des résultats prometteurs comme méthode de traitement des formes particulièrement graves de TOC non perfectionnés par les méthodes thérapeutiques classiques[2].

Aides

  • Auto-documentation par le patient sur le sujet des TOCs :
    • prendre conscience de sa maladie.
    • rationalisation des faits du patient.
    • mettre en avant le côté rationnel comparé au côté sens/sentimental/non rationnel.
    • différenciation rationnelle par le patient entre ses comportements normaux/modérés et la manifestation des TOCs.
    • le patient arrive à différencier les pensées obsessionnelles et les pensées normales par conséquent il a plus de contrôle pour pouvoir court-circuiter les schémas de raisonnements obsessionnels et par conséquent diminuer l'emprise des TOCs. (ex : différenciation entre la culpabilité normale et le sentiment de culpabilité exagéré qui handicape le patient dans ses moindres actes.
  • le sport et les relations sexuelles apportent un effet apaisant sur le patient.
  • les occupations constructives telles que la motivation et la concentration sur le travail ou les loisirs, laissent moins de temps pour les comportements obsessionnels.

Cinéma

  • Le film Pour le pire et pour le meilleur met en scène Jack Nicholson dans le rôle d'un écrivain asocial atteint de TOCs.
  • Le film Trust me met en scène un personnage violent atteint de TOCs. Il s'agit du père du héros, un ancien militaire, qui souffre d'une obsession axée sur le rangement et la propreté.
  • Le film Les Associés, dans lequel Nicolas Cage dans un rôle particulièrement attachant, souffre de troubles obsessionnels, comme d'ouvrir et fermer la porte 3 fois de suite avant de pouvoir la franchir.
  • Le film Aviator raconte l'histoire vraie d'Howard Hughes. Une attention spécifique est portée aux rituels de Hughes, surtout celui du lavage des mains et de son obsession de contamination qui l'a mené à finir ses jours isolé, à l'abri des germes.

Théâtre

  • La pièce de théâtre "TOC TOC" de Laurent Baffie : six patients sont dans la salle d'attente d'un neuro-psychiatre à la renommée mondiale, spécialiste dans le traitement des TOC. Il ne consulte en France qu'une fois l'ensemble des 2 ou 3 ans, et ne voit jamais le même patient 2 fois. Coprolalie, arithmomanie, nosophobie, TOC de vérification, palilalie... les TOC s'entassent, se bousculent et se mélangent avec énormément d'humour dans le cabinet du docteur.

Télévision

  • La série télévisée Monk, met en scène Adrian Monk, un détective souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. Ce trouble psychologique lui a coûté son poste de détective à la brigade criminelle de la police de San Francisco. Suite au meurtre de sa femme, Monk est traumatisé et il développe une peur excessive des microbes, du vide, de la foule et de tout le reste, ce qui ne favorise pas ses enquêtes.
  • Dans la série télévisée Esprits criminels, l'épisode 2 de la saison 1, intitulé Par feu et par flammes (titre original : Compulsion), met en scène les agissements d'une jeune étudiante pyromane atteinte de TOCs centrés sur le symbolisme du chiffre 3.
  • Dans la saison 3 de la série Scrubs apparaît, le temps de quelques épisodes, le docteur Kevin Casey. Ce médecin souffre de plusieurs TOCs. Il ressent le besoin de recommencer son entrée dans l'hôpital qu'il juge ratée. Il répète continuellement son nom lorsqu'il se concentre. Il a la phobie des microbes, se lave les mains pendant des heures après une intervention et lave ensuite le savon. Il refuse d'autre part d'utiliser les toilettes de l'hôpital, préférant rentrer chez lui lorsque le besoin s'en fait sentir.
  • L'émission de télé réalité Secret Story, a fait découvrir Nadège, atteinte de TOCs. Elle souffre d'obsessions d'ordre et de symétrie.
  • Dans le téléfilm diffusé sur TF1, Le Monsieur d'en face, le personnage d'Yves Rénier est atteint de TOCs. Il est en particulier obsédé par le rangement et ne sort jamais de chez lui.
  • En 2005, la télévision de Radio-Canada avait diffusé une émission spéciale sur le TOC à "RDI 10 ans" faisant ainsi connaître ce trouble à un très grand nombre de personnes (pour visionner cliquez ici).