Ce tehilim est en effet une invitation à la confiance, "Je n'ai de repos qu'en D.ieu seul, mon salut vient de lui. Lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle : je suis inébranlable... Comptez sur lui en tout temps, vous, le peuple".
Comme très souvent dans les tehilim, c'est l'expérience de l'Exode qui est le meilleur argument de l'espérance.
Car, pendant les quarante années de pérégrinations dans le désert du Sinaï, le peuple hébreu a eu de nombreuses occasions d'expérimenter la sollicitude de D.ieu.
Dans ce tehilim, il a deux fois le mot "rocher" qui fait référence à un événement très précis de l'Exode.
De loin, on voyait les palmiers de l'oasis et les Hébreux pensaient pouvoir étancher leur soif. Mais, arrivés sur place, l'oued était à sec.
La bonne réaction aurait été de faire confiance car D.ieu ne pouvait pas après les avoir amenés aussi loin, les laisser mourir de soif. Il dicterait à Moshe Rabbénou une solution.
Au lieu de cela, le peuple tout entier, pris de peur, s'est mis à récriminer. Le peuple d'Israël reprocha à Moshe Rabbénou d'avoir été imprudent et irresponsable en lui faisant courir de tels risques. Moshe Rabbénou se senti en danger.
La réponse de D.ieu à la révolte de son peuple fut le pardon et le don.
Et alors de l'eau a coulé du rocher, "D.ieu a fait jaillir l'eau du rocher de granit" (Débarim (Deutéronome) 8, 15).
Pour retenir la leçon de ce moment de soupçon de son peuple, Moshe Rabbénou appela ce lieu non plus Rephidim mais Massa et Meriba, "Épreuve et Querelle" parce qu'on avait exigé de lui un signe et qu'on avait querellé D.ieu à travers lui, Moshe Rabbénou.
Ces mots de Massa et Meriba se retrouvent à plusieurs reprises dans les textes bibliques pour rappeler la tentation de l'humanité de soupçonner D.ieu de ne pas lui vouloir du bien, "Puissiez-vous aujourd'hui écouter la voix du Seigneur ! Ne durcissez pas votre coeur comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert, où vos pères m'ont défié et mis à l'épreuve, alors qu'ils m'avaient vu à l'oeuvre" (Tehilim 95).
Le mot "rocher" évoque cette fidélité de D.ieu malgré toutes les infidélités et les révoltes de son peuple.
Créé par amour, l'homme ne connaît qu'une limite à sa liberté, l'interdiction de prendre le fruit d'un certain arbre.
D.ieu avait prévenu que sa désobéissance mettrait l'homme en grand danger, "Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux, car du jour où tu en mangeras, tu devras mourir" (Bereshit (Genèse 2, 16-17).
C'est une question de confiance qui est posée à l'homme.
D.ieu a créé l'homme, pourquoi lui voudrait-il du mal? Ce que lui demande D.ieu est pour son bien, ce fruit n'est pas bon pour lui.
Mais, malheureusement, l'homme n'a pas confiance, une petite voix inspire à la femme l'idée que D.ieu n'agit que par jalousie. Le mieux serait donc de Lui désobéir.
Alors la relation de confiance est cassée et cela mène au malheur de l'humanité.
Le verset "Lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle : je suis inébranlable" est même pour insister, dit deux fois dans ce tehilim.
Et le prophète Yéchâya, en son temps, mettait en garde le jeune roi Achaz contre la tentation du manque de foi, "Si vous ne croyez pas, vous ne tiendrez pas" (Yéchâya (Isaïe) 7, 9).