Reste que lorsque Philippe Delachenal me propose d'aller faire un tour, mais pas le tour car il avait mal compris le message de Pascal Zellner qui nous propose cette ballade et pense que nous allons faire un aller-retour d'une quarantaine de kilomètres, au bord du lac du Bourget, je suis tout à fait partant. La météo est clémente, pourquoi, à défaut de découvrir un nouveau désert, ne pas aller explorer l'environnement de mon nouveau chez moi?
C'est donc parti pour un trail amical qui sera plus long que prévu: en effet, Pascal, médecin bien connu dans le monde du trail qui "médicalise" notamment le Solu Khumbu trail et bien d'autres et travaille à l'IFREMONT, nous annonce en effet que nous partons pour un tour complet du lac à travers le nouvel itinéraire de randonnée baptisé "Savoie Rando-lac". Pas de soucis, nous ne sommes pas à un vingtaine de kilomètre près!
Nous commençons donc, plutôt à bonne allure, par une portion un peu bitumée et plate, du Bourget du Lac à Aix-les-Bains. C'est assez bien balisé effectivement, sauf dans Aix même mais nous ne perdons pas trop le fil. Nous entrons ensuite dans la jolie forêt de Corsuet où nous trouvons tout de même pas mal de belles côtes. A partir de là nous nous écartons assez nettement des rives du lac, pour aller vers les montagnes qui le domine.
Nous passons par de petits cols à près de 900 mètres d'altitude (le lac est à 250 m) à travers bois et clairière, en passant par de petits hameaux. Un bel environnement calme. Les pentes sont parfois assez prononcées et notre allure a quelque peu chuté depuis notre départ, nous avons cependant encore le temps de profiter de cette belle balade, puisque la nuit tombe un peu plus tard maintenant. Nous n'avons évidemment pas pris de frontales...
Après le village de la , ça se corse un peu: le balisage n'est sans doute pas encore terminé partout et nous passons une bonne heure à vadrouiller dans les bois et les fourrés à la recherche de la bonne trace.
Finalement nous passons par un autre chemin qui nous fait rejoindre le "rando lac". Nous entamons ensuite une bonne descente vers Chindrieux, que nous éviterons cependant en coupant. Nous voici au bout du lac, il ne reste donc plus qu'à revenir par la rive gauche!
Nous nous arrêtons un petit instant pour demander de l'eau à une brave dame qui remplit gentiment nos bidons puis nous repartons. Nous retrouvons un peu de bitume pour nous mener jusqu'à la fameuse abbaye de Hautecombe. Là nous nous sommes écartés du chemin "rando lac", nous souhaitons en effet rentrer par le "sentier du curé", qui suit au plus près la rive du lac. Parvenu à l'abbaye nous avons quelques difficultés à trouver le dit sentier mais finalement, en remontant un peu plus haut, nous le rejoignons.
A partir de là, notre rando-course se transforme en crapahut. Le curé en question devait être sacrément sportif et avait les chevilles solides: de nombreux obstacles, branches, ronces et grosses pierres se mettent en effet en travers de nos pas, les pierriers sont délicats à franchir parfois et certaines portions sont un peu acrobatiques. Les mains courantes, qui semblent toutes neuves, comme quoi ce chemin est sans doute en cours de réhabilitation, sont alors les bienvenues. Notre progression n'est pas très rapide mais nous sommes tous encore en bonne forme. Nos regards sont souvent distraits par de très belles vues sur le lac, que nous surplombons. Bon il ne faut cependant pas trop détacher la vue du sol sous peine de se retrouver par terre assez rapidement sur un tel terrain.
Il ne faut pas non plus que nous traînions trop sous peine d'être surpris par la nuit. Mais bon nous rejoignons la route juste à temps pour profiter de la dernière clarté de cette belle journée. Le temps de longer agréablement la grève quelques kilomètres tranquilles en admirant les belles baraques de ce bord de lac et nous revoici à notre point de départ. Le tour est bouclé. La nuit est tombée.
Nous rentrons, bien contents de ce beau tour du plus grand lac de France. Environ 65 kilomètres au compteur et quelques 2000 mètres de dénivelés. Mais là n'est pas le plus important. L'essentiel c'est d'avoir bouclé cette belle boucle, cette nouvelle découverte.
Tourner autour d'un lac, d'une montagne, d'un monument naturel ou artistique, c'est une des quête les plus classiques du coureur, du marcheur, du pèlerin. Je ne fais pas exception à cette tradition, ayant toujours était naturellement poussé, en pareil circonstance, à accomplir un tour. De mes premiers tours des étangs de la forêt de Rambouillet à la circonvolution autour du Mont Kaïlash, j'en aurai fait des tours. Celui ci m'a rappelé à certains moments les reflets d'un autre lac, vus à travers les arbres, celui du Kovsgol en Mongolie. Certes la dimension n'est pas tout à fait la même, mais la joie de courir autour demeure. Avec l'envie, au final, de repartir pour un nouveau tour.