Texte mis en scène au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis par Andrea Novicov (7 janvier-3 février 2008)
Il s'agit de la dernière pièce écrite par le grand dramaturge espagnol avant son éxécution par les franquistes. Je suis allée la voir au TGP et je dois dire qu'il s'agit d'une formidable mise en scène à mi-chemin entre le théâtre d'ombres, le théâtre de marionnettes et un tableau de Velazquez !
Rappelons l'intrique dans les années 30 en Andalousie : Bernarda Alba, dont le mari vient de mourir, oblige ses cinq filles à rester cloîtrées dans la vieille maison pendant huit ans pour cause de deuil.
Mais l'aînée, 39 ans, un laidronne mais riche car ayant touché l'héritage de son père, le premier mari de Bernarda,, est promise au plus beau garçon du village, Pepe Romano.
L'annonce prochaine du mariage fait naître jalousies et rancoeurs chez ces filles qui ne peuvent s'épanouir dans un monde rongé par les traditions ancestrales. La plus jeune qui refuse son enfermenent, clame son amour pour Pepe et va provoquer le drame...
Cette pièce se passant dans les années 30 est en fait très actuelle. Cela pourrait se passer en Afghanistan, en Arabie Saoudite...C'est une pièce fondamentale sur la condition de la femme, bridée, non libre de ses mouvements, la femme aigrie par tant d'interdictions.
La mise en scène rend parfaitement l'oppression subie par ces femmes. En adoptant une posture de marionnettes, elles apparaissent comme des pantins qui sont manipulés. On a l'impression de voir les Ménines de Velazquez. La luminosité, tout en clair obscur, nous fait vivre un cauchemar éveillé.
Elles entament des pantomines burlesques comme des poupées qui n'ont plus d'humanité, bridées par les conventions.
Un hommage au théâtre de Guignol. Je vous conseille fortement d'aller voir cette pièce !