Le Chef de la police de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), le commissaire Jean-Marie Bourry, a tiré la sonnette d'alarme sur la mobilisation de milices armées par le clan de Laurent Gbagbo et la préparation d'une guerre civile si la médiation en cours venait à échouer. Parallèlement, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a réitéré la semaine dernière son soutien à la tentative de médiation de l'Union africaine en Côte d'Ivoire.
"Le clan Gbagbo a une longue tradition de mobilisation de miliciens et de foules très hostiles et armées qu'il tente actuellement de mobiliser. Chaque semaine nous constatons des tentatives de mobilisation", a déclaré il y a quelques jours le Chef de la police de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire. "Tout prête à penser que nous sommes dans la préparation d';une guerre civile", a-t-il ajouté.
"Les Jeunes patriotes, par exemple, et d'autres milices sont réactivés. Nous observons une campagne pour les réactiver, les recruter et les former. Ils ont annoncé publiquement leur ambition de faire monter jusqu'à 12 000 membres sur Abidjan. Leur capacité actuelle d'entrainement est de mille
éléments donc rapidement ils vont monter en puissance. C'est un défi auquel la Police de l'ONU doit faire face et doit se préparer", a-t-il souligné. Toujours selon le commissaire Jean-Marie Bourry, en cas d'échec des négociations, la situation pourrait dégénérée et devenir "terrible". Toutefois, les mesures de gel d'avoirs et de sanctions financière prisent il y a quelques temps par les grandes institutions financières, politiques et économiques commencent malgré tout à faire leur effet.
"Les banques ferment, peu de fonctionnaires vont être payés ce mois-ci, moins d'injections de liquidités dans l'économie, le gaz commence à manquer, le port est pratiquement fermé. La situation économique risque de s'aggraver très vite. On peut craindre le pire si cette négociation
n'aboutit pas, a-t-il encore prévenu.
Après le second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010, une crise politique grave a suivi consécutive au maintien au pouvoir du Président sortant Laurent Gbagbo malgré sa défaite électorale face à Alassane Ouattara président élu et reconnu par les instances internationales. Depuis la Police de l''ONU a été contrainte de revoir l'intégralité de ses missions et le cadre de son mandat.
"Aujourd'hui la première tâche de notre mission est la protection du pouvoir légitime et, à ce titre, nous participons à la protection de l'Hôtel du Golf où sont réfugiés le Président (Alassane Ouattara) et son
gouvernement. C'est une double protection policière et militaire car le risque est à la fois militaire et au niveau des foules", a souligné le chef de la police de l'ONUCI.
La menace d'être attaqué par une foule hostile composée de sympathisants et par des militaires soutenant toujours l'ancien président Gbagbo est important et pèse sur l'Hôtel du Golf où est retranché le président élu Ouattara et son gouvernement, mais également sur les autres bâtiments comme le quartier général de l'ONU de Sebroko et les différentes bases logistiques. "Nous avons fait face à des agressions contre notre principale base logistique à Koumassi et la Police de l';ONU a dû repousser les manifestants. Nous pensons que ce sont des mouvements qui vont se
répéter", a-t-il prévenu.
L'une des tâches principales de la mission de l'ONU est de protéger les civils dont une volonté "impartiale" et qu'elle apportait sa protection "aux civils en danger immédiat indépendamment de leur appartenance à un camp ou à un autre". Un autre volet du travail de la Police de l'ONUCI consiste à établir la réalité des faits des crimes et violations des droits de l'homme.
"Ce qui s'abat sur Abidjan c'est une répression politique. Nous sommes en présence d'un pouvoir qui se comporte de façon dictatoriale, qui n'a pas de base de légitime et qui est à la tête d'un appareil d'Etat qui à gardé toute sa puissance. Cet appareil d'Etat est aujourd'hui utilisé pour la chasse à l'opposition, au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP)", a précisé Jean-Marie Bourry.
"Nous sommes dans l'attente de l'arrivée d'un pouvoir légitime pour reprendre notre coopération avec la police ivoirienne. Au regard des événements, il sera alors nécessaire qu'une action de contrôle du personnel pour savoir comment ils se sont comportés pendant cette période soit menée. La police fait partie de l'appareil de l'Etat et l'Etat survit malgré le passage de différents gouvernements et, le jour où des autorités légitimes seront en place, la police restera en grande majorité la même. Il y aura des éléments qui à notre sens ne mériteraient plus de rester en place par rapport aux exactions commises", a-t-il conclu.
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CV, le 25/02/2011