Jean-Luc Delarue a donc commencé son tour de France de la bonne parole : « Ne buvez pas ! Ne vous droguez pas ! Je sais ce que c’est ! ». Au-delà de l’aspect un peu people et exaspérant de la démarche, le gars a quand même raison. Et si le partage de son expérience peut encourager ne fut-ce que deux ou trois jeunes à ne pas sombrer dans les ravages de l’alcool et de la drogue, il aura réussi !
Parmi ces fléaux, l’alcool – en tant que drogue légale et socialement correcte – est sans doute le plus sournois. Ses ravages sont catastrophiques : en France, l’alcool provoque 23 000 décès par an par cancers, cirrhoses ou alcoolo-dépendance. Mais outre ces morts qui lui sont directement imputables, il agit comme facteur associé dans 45 000 décès.
Le drame, c’est que l’alcool est perçu comme un plaisir noble. Le vin est érigé au rang de rempart d'un certain art de vivre en train de se perdre ! Valeurs familiales, symbole de virilité, héritage familial, transmission de père en fils… se mêlent et provoquent un attachement identitaire, qui représente un obstacle important aux messages de prévention et à la prise en compte des dangers d'une consommation excessive.
Difficile de savoir ce qu’est une « consommation excessive ». J’ignore si celle qui était la mienne pouvait être ainsi qualifiée. Toujours est-il qu’elle me pesait… et qu’elle pesait aussi à mon corps à travers différents symptômes. Rien de dramatique, mais j’ai décidé d’être à leur écoute. Il y a un mois, étant seul à la maison, j’ai ouvert la meilleure bouteille que j’ai trouvée. J’en ai bu un peu plus de la moitié. J’ai terminé la soirée par un bon cognac, mon alcool préféré. Puis je me suis couché en sachant que c’était fini.
Depuis lors, pas une goutte. Ce n’est en réalité pas la première fois que j’arrête. Il y a une dizaine d’années, j’avais commencé une abstinence qui a duré 8 ans. Puis j’ai retrouvé les plaisirs du gosier pendant deux ans. Me revoilà parti pour un certain bail.
Bien sûr, un petit verre de vin n’a jamais fait de mal à personne. Au contraire, il semblerait qu’il soit même bénéfique. À condition de rester « un » et « petit » ! C’est là mon problème : j’ai du mal à respecter ces deux critères ! Alors, je préfère être plus sévère pour l’un et moins pour l’autre : les verres d’alcool que je m’autorise désormais peuvent avoir toutes les tailles imaginables ou non, mais je ne m’en autorise aucun ! C’est une règle plus facile !
C’est un choix personnel. Je ne l’impose à personne. Je m’y sens bien. Tant au niveau de ma tête que de mon corps. Et puis, cela me permet de rechanter, l’esprit clair, Le blues des vices…
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Ah cette cigarette, après la sieste
Quand le ventre est bien repu
Y a pas à dire c’est vraiment céleste
La fumée qui vous met à nu
Cette sensation au milieu des poumons
Qui vous pénètre au fond de votre être
C’est le plaisir de se sentir souffrir
Grâce à ce mégot, ah le saligaud !
Mais mon vieux tabac je t’ai plaqué
Délaissé abandonné
Je ne veux ni Dieu ni maître
Surtout pas me soumettre
J’ai pris la liberté de ne plus fumer
De ne plus me laisser détruire à petit feu
De ne plus polluer ces dames et messieurs
Je vis sans tabac et c’est très bien comme ça
Je suis libre de vivre sans combustible
Ah ce verre d’alcool qui fait qu’on rigole
Autour d’un repas avec tous ses amis
On se laisse aller sans aucun protocole
Sans le contrôle de notre esprit
Cette sensation d’être en évasion
De tous ces maux qui peuplent nos cerveaux
C’est le plaisir de se sentir vivre
Grâce à ce verre de vin, mais c’est tout à fait vain
Mais mon vieil alcool je t’ai plaqué
Délaissé abandonné
Je ne veux ni Dieu ni maître
Surtout pas me soumettre
J’ai pris la liberté de ne plus me saouler
De garder le contrôle de mes fantasmes
D’être le maître de mon enthousiasme
Je vis sans alcool sans que ça me désole
Je suis libre de vivre sans être ivre
Ah cette caresse enchanteresse
Le corps d’une femme est un paradis
Qu’on peut découvrir avec ou sans prouesse
Mais qui toujours nous épanouit
Cette sensation de communion
Qui nous dépasse quand elle nous embrasse
C’est le plaisir de se sentir partir
Vers la petite mort dans ce corps à corps
Et toi ma femme j’t’ai pas plaquée
Ni délaissée ni abandonnée
Je ne veux ni Dieu ni maître
Surtout pas me soumettre
Mais je prends la liberté de toujours t’aimer
De te rester fidèle envers et contre tout
De croire en toi en moi et en nous
Je vis avec toi et c’est mon choix
Je suis libre de vivre en étant libre
Libre de t’aimer libre de te libérer
Mais surtout libre de me laisser aimer
François-Marie GERARD - FMG © 2004