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199ème semaine de Sarkofrance : Nicolas le candidat contre Sarkozy l'amateur

Publié le 26 février 2011 par Juan
199ème semaine de Sarkofrance : Nicolas le candidat contre Sarkozy l'amateurBientôt 200 semaines depuis l'élection de mai 2007. Nicolas Sarkozy semble politiquement crevé. Sa politique étrangère a volé en éclat. Les outrances sanglantes d'un colonel Kadhafi dépassé par une révolution populaire rappellent combien les compromissions et incohérences sarkozyennes depuis 2007 ont été graves et contre-productives. Le gouvernement est à bout de souffle, à peine remanié voici 4 mois. Michèle Alliot-Marie est contrainte à un tour du monde quasi-touristique pour se faire oublier, tandis qu'on prédit son départ dans quelques jours. Bruno Le Maire est secoué par des agriculteurs en colère. Xavier Bertrand se réjouit trop tôt des chiffres du chômage. Fillon prend le jet pour rentrer chaque weekend... D'où viendra le second souffle tant attendu ?
Sarkozy, monarque faussement serein
Samedi dernier, Nicolas Sarkozy croyait avoir bien fait. Une belle visite inaugurale au Salon de l'Agriculture, dès 8h45, avant qu'il n'y ait trop de visiteurs et de sifflets. Histoire de caresser les vaches tranquille, goûter quelques fromages... et s'enfermer assez rapidement dans une salle voisine avec une assistance sélectionnée pour débattre devant les caméras d'Elysée.fr des difficultés de l'agriculture française. Bruno Le Maire, son ministre agricole, exultait. Quatre jours plus sur CANAL+, il était pris en flagrant délit d'ignorance généralisée dans un quizz simplissime sur les choses de la terre. Et un agriculteur en colère, lui criait sa rage et son dégoût contre l'absence de régulation des prix d'achat aux producteurs, malgré toutes les grandes déclarations officielles. Le bilan agricole de Nicolas Sarkozy reste très maigre : malgré nombre de déplacements pour « constater », l'action réelle pour soutenir le prix, les entreprises et l'activité du secteur reste bien faible.
Porte de Versailles, Nicolas Sarkozy a quand même lâché un couplet sur l'Islam, comme si le sujet, qui fera l'objet d'un débat électoraliste à l'UMP, était la préoccupation majeure du pays, devant la précarité, le chômage et le pouvoir d'achat. « On essaie toujours de monter les uns contre les autres. Moi, j'essaie de rassembler » a-t-il osé déclarer. Mardi, il était à Bordeaux, bloquant quelques heures un CHU le temps d'une nouvelle table ronde sur Alzheimer. Là aussi, on cherche les actions par-delà les discours. Où sont les 45.000 places d'accueil promises voici 3 ans ?
Chômage persistant
Le chômage s'est rappelé au bon souvenir de nos gouvernants, jeudi soir. Xavier Bertrand s'est précipité sur TF1 pour commenter les derniers chiffres de janvier, 24 heures avant leur parution. La baisse du chômage serait « importante ». Le ministre du Travail se fiche de nous. Le nombre d'inscrits à Pôle emploi reste à 4,3 millions de personnes, et le nombre de radiations a augmenté de 13.000 en un mois... Quelle reprise ! Bertrand se déclare aussi favorable au rétablissement d'une allocation pour les chômeurs en fin de droits en formation... que Sarkozy a supprimée l'an dernier.
Côté pouvoir d'achat, les nouvelles ne sont pas plus fameuses. Eric Besson, ministre de l'industrie, dut confirmer à mots couverts qu'une augmentation du tarif du gaz était à l'étude. Le Figaro promet +5% pour 11 millions de foyers français, soit 20% de hausse en un an. Son collègue du budget, François Baroin, devait s'expliquer sur le cafouillage fiscal de la semaine passée. Nicolas Sarkozy avait pris sa majorité, et son propre ministre, de court en réclamant une suppression pure et simple de l'ISF. Ce nouveau cadeau au Premier Cercle du Fouquet's est prévu pour juin... On se réjouit d'avance...
Révolte diplomatique
La politique internationale, à travers la présidence française des G20 et G8 cette année, devait lui donner un peu d'air et de recul. Et l'aider à sa tentative de représidentialisation accélérée avant la campagne officielle de 2012. Las, Nicolas Sarkozy ne pouvait que constater, cette semaine, le fiasco général. Depuis janvier, les révolutions tunisienne puis éqgyptienne avaient montré combien la diplomatie française avait sombré : après l'échec de Bernard Kouchner, Michèle Alliot-Marie s'embourba dans des polémiques successives : soutien à Ben Ali, voyage privé en Tunisie, conflits d'intérêt, etc. La ministre pouvait servir de fusible. Le soulèvement en Libye apporte une nouvelle touche : la Sarkofrance est accusée d'une complaisance inqualifiable depuis 2007 à l'égard du boucher de Tripoli. Le colonel Kadhafi s'est montré sous un jour terrifiant mardi puis jeudi. Propos décousus, appel à la répression et aux bains de sang... Et l'on se souvient qu'on lui a cédé une centrale nucléaire en juillet 2007, dont l'installation a heureusement tardé; qu'on cherchait à finaliser quelques deux milliards d'euros de ventes d'armes en novembre dernier, après les 316 millions d'euros déjà conclus depuis 2007 ; qu'on a modernisé quelques Mirages français - à défaut de vendre des Rafales - juste à temps pour la répression sanglante de ces 12 derniers jours. Deux pilotes ont fui, deux autres avions se sont écrasés. Dans les hôpitaux libyens, des mercenaires achèveraient les blessés.
Mardi, une trentaine de diplomates publiaient dans le Monde une tribune anonyme et accusatrice sur l'amateurisme de Nicolas Sarkozy en matière internationale. Et l'on retrouve les critiques rencontrées ailleurs : centralisation des décisions, absence de concertation, critique systématique des fonctionnaires en charge, inconsistance des décisions... Sarkozy est un piètre « manager » de l'entreprise France... à tous points de vue. Le comportement de l'équipe Sarkozy - volte-faces mercantiles, courbettes exagérées, complaisance exécrable, compromissions individuelles - fait aussi débat.
Au gouvernement, on n'eut pas de mots assez durs pour dénoncer la démarche : « tract politique » (Guaino), « lâcheté » (Baroin), « effet de mode » (Juppé)... Les supporteurs de Sarkofrance sont-ils sourds et aveugles ? La même semaine, un ancien patron de la DGSE fustigeait « les fiascos du renseignement français » dans une autre tribune, dans Libération. Petite satisfaction, 3 des 5 otages français détenus au Niger ont été libérés en fin de semaine, contre rançon. Sarkozy, il y a un mois, excusait la mort de deux autres otages après une intervention militaire par sa fermeté et l'absence de concession nécessaire. Allez comprendre...
Gouvernement déstabilisé
Mardi, Christine Lagarde (Economie) et Laurent Wauquiez (Europe) étaient envoyés 24 heures en Tunisie. Michèle Alliot-Marie, désormais persona non grata, avait été exiléE au Brésil pour une visite bien opportune. En Tunisie, le nouvel ambassadeur français Boris Boillon fait scandale depuis une semaine. Lors d'une première rencontre avec des journalistes locaux, à peine nommé, il est paru si hautain qu'il a provoqué une manifestation devant son ambassade, vendredi 18 février, réclamant son départ. Le garçon, déjà moqué dans les câbles diplomatiques américains publiés par Wikileaks en novembre dernier, paraît si immature que tous les commentateurs furent interloqués par cette nouvelle bourde présidentielle, une véritable erreur de casting.
Jeudi, d'autres diplomates, toujours anonymes, répliquent à leurs collègues dans une autre tribune pour louer l'action présidentielle. Tout juste s'inquiètent-ils du manque de moyens. Ça sent l'opération téléguidée depuis le bureau de Claude Guéant. Evidemment, Henri Guaino ne monte pas au front pour dénoncer l'anonymat de ces auteurs.
Vendredi, la presse prédit le départ prochain de MAM de son ministère. Ses collègues du gouvernement balancent. Anonymement bien sûr : « Ce sera ce weekend ou lundi, avant la rentrée parlementaire. » Alain Juppé serait favori pour la remplacer. Même le nom de Villepin, qui a rencontré le Monarque ce jeudi, est évoqué. La ministre se défend de toute démission prochaine. Quarante-cinq députés et sénateurs UMP affichent leur soutien dans une déclaration publique. Le compagnon de MAM, Patrick Ollier, est ministre en charge des relations avec le Parlement. Ça aide.  Sarkozy enrage de son toupet: « Qu'est-ce qu'elle est allée faire à la radio? Elle croit me prendre en otage, et bien elle va voir ». Il l'a convoqué dimanche. On explique déjà que le remaniement pourrait être « beaucoup plus vaste ». Depuis un an, Sarkozy a montré qu'il ne savait pas s'entourer.
Sarkozy et Alliot-Marie se rejoignent pour promettre des sanctions contre la Libye et des poursuites pour crimes contre l'humanité à l'encontre de Kadhafi. On rigole de cette réaction bien tardive. On se souvient qu'en juillet dernier, les députés UMP ont adopté une transposition minimaliste de la Cour Pénale Internationale dans notre droit national : les criminels de guerre, pour être jugés en France, doivent résider «habituellement sur le territoire français»... Patrick Ollier, en 2007, qualifiait Kadhafi de « frère
Vendredi, Nicolas Sarkozy « l'amateur » partait en Turquie. Un pays pour lequel il fait peu d'efforts, pour ne pas froisser son électorat. Le premier ministre Erdogan s'en lamente. La visite fut expresse, 315 minutes (dont 32 de conférence de presse), montre en main, un déplacement « de travail ».
Kadhafi, en 2007, et Ben Ali, en 2008, eurent droit à davantage de considération.
Ami sarkozyste, où es-tu ?


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