Titre : Bulles & Nacelle
Scénariste : Renaud Dillies
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2009
« Bulles et Nacelle »est un one-shot de 80 pages dessiné et scénarisé par Renaud Dillies (que je ne connaissais pas du tout). Sur la première page s’affiche le titre : « Les Aventures de Charlie la Souris ou les Vicissitudes du muridé solitaire ». On accompagne donc Charlie, une souris, qui vit seule dans sa maison. Il nous expose combien le fait d’être seul est agréable. On apprend ainsi sa vie, fait d’écriture et de guitare (Django Reinhardt en tête). Charlie semble vivre cette situation sans problème jusqu’au jour où Monsieur Solitude, un petit oiseau bleu vient le voir. Il dit qu’il apparaîtra à chaque fois que Charlie se sentira seul. Heureusement, l’arrivée du carnaval va pousser la petite souris à sortir de sa bulle.
« Bulles et Nacelle »est un conte sur la solitude. Au travers d’animaux (souris, oiseau, girafe…), on accompagne Charlie dans sa tentative de se sociabiliser. Démarrant par des procédés purement narratifs, l’histoire se développe ensuite essentiellement par le dialogue, signe que les autres prennent de plus en plus d’importance.
Sous des aspects simplistes, « Bulles et Nacelle » développe une vraie poésie, proche parfois de l’onirisme. L’auteur se plait à brouiller les pistes et les ambiances, partant d’une situation réelle pour aboutir à un rêve éveillé, puis revenir à l’histoire comme si rien ne s’était passé. Il en découle une véritable mélancolie que l’on ressent de la première à la dernière page.
La construction du récit est elle-même pleine d’inventivité. La plupart des planches sont un gaufrier des plus classiques : trois bandes de deux cases carrées. Mais l’auteur joue avec cette convention, en produisant de grandes illustrations (coupées en cases artificiellement). Dillies n’hésite pas non plus à prendre une page entière pour marquer son lecteur avec une illustration forte. Le plus réussi étant ces pages où la souris pénètre dans un brouillard/nuage et où l’auteur joue avec les codes de la BD. Bref, il y a de petites perles se cachent dans cet ouvrage.
Au niveau du dessin, c’est très particulier. Le dessin très enfantin est contrebalancé par les hachures, très appuyées, qui donnent un grain particulier à l’ensemble. Derrière la simplicité de façade, il y a un travail d’ambiance et de style remarquable et l’auteur développe une vraie patte. De même, les couleurs, peu vives, donnent un aspect désuet à l’ensemble qui participe parfaitement à la poésie de l’ouvrage.
J’ai été conquis par cet ouvrage. Ce conte, faussement enfantin, développe une vraie mélancolie et une douce poésie. A découvrir d’urgence pour ceux qui ont su garder une âme d’enfant.
par Belzaran
Note : 16/20