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Les héros chez les Frères Farrelly n’ont pas grandi: sortes de gamins paumés, coincés dans des corps d’adultes. C’est le cas de Rick (Owen Wilson) et Fred (Jason Sudeikis), pères de famille et maris (presque) comblés qui ne pensent qu’à une chose: aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs, avec la petite serveuse de la cafeteria d’en face par exemple. Le jour où leurs épouses (lumineuses Jenna Fischer et Christina Applegate) leur donnent "carte blanche" pour une semaine, ils pensent enfin pouvoir retrouver le parfum exaltant de leur jeunesse, conquêtes féminines, inconséquence et autres réjouissances. Sauf que. Très forts pour inscrire en creux de leur humour potache (et parfois franchement pas drôle) des éclairs d'intelligence, les Frères Farrelly réitèrent les exploits de Mary à tout prix et L’Amour extra large, arborant fièrement au milieu d'une fresque de débilité décomplexée, des germes de réflexions intéressantes. Ils s’interrogent alors, au travers de cette crise de la quarantaine partagée, sur le couple et l’image de soi, la fidélité et les mirages du désir. Comment continuer à séduire l’autre après des années de mariage? Quelle différence entre futilité des pulsions furtives et véritable relation à deux? L’étude psychologique, toutes proportions gardées, est plutôt bien menée, entre joyeuse déconnade et grand n’importe quoi. Toutefois, le film trouve rapidement ses limites: peu d’enjeux dramatiques (hormis l’habituel couplet bien pensant final), peu d’efforts de mise en scène, peu de séquences au pouvoir durable. Dans le même sillage de réflexions (comprendre fidélité dans le couple et pulsions d'adultères), Last Night de Tadjedin avait la classe. Les Farrelly ont de l’audace, souvent tarée et parfois crasse, mais pas suffisamment d’ambition esthétique pour dépasser le genre: la comédie américaine bien grasse.
Sortie France: 27 avril 2011.