Scénariste-réalisateur de Winter Vacation / Han Jia (2010), le cinéaste chinois Li Hongqi multiplie les participations dans les festivals tout comme il récolte des prix. Avec cette œuvre simple et drôle, il montre une autre facette d’un cinéma d’auteur qui semblait jusqu’alors enfermé dans un carcan.
Winter Vacation nous donne le pouls d’un petit village du nord de la Chine en plein hiver. Entre une poignée d’adolescents qui passe le temps à tromper l’ennui ou un grand-père et son petit-fils, nous suivons une chronique du quotidien atypique.
Atypique serait la qualification qui viendrait en premier pour Winter Vacation. Une œuvre sympathique parsemé de gags et d’un humour pince-sans-rire. Cette œuvre à la réalisation minimaliste joue énormément sur le comic strip sur pellicule (on sort nos dictionnaire : succession de séquences généralement comiques articulées en plusieurs cases horizontales). Cette humour qu’on pourrait également qualifié « d’absurde » est renforcé par une réalisation qui sait être simple, tirée en longueur pour que son impact soit plus fort. A travers cette lenteur formelle qui renforce le désœuvrement de ses personnages (l’apathie dont ils font preuve, voir aussi les décors « glauques »), le cinéaste tranche avec ses dialogues qui font mouches (on parle de fille, du socialisme, etc…). D’autant plus qu’on ne peut s’empêcher de voir à travers leurs personnages et leurs situations l’état de la Chine actuelle. Winter Vacation, film politique ? Pas loin. Chronique de l’ennui et du statisme (corrosif et désespéré) pour une Chine rigide et froide. Ainsi les décors comme ses personnages nous contaminent dans ce désenchantement à l’humour grinçant.
Finalement Winter Vacation, c’est un film calme en apparence mais qui suinte une rage dont l’auteur a le secret. Le propos est faussement sans enjeux porté par des personnages amusants et des acteurs bien trouvés. On ne résumera pas l’œuvre avec ses rares plans au cadre juste car au-delà de ses quelques plans séquences, Winter Vacation c’est aussi un gros travail sur l’ambiance sonore. On y voit dès lors une Chine terriblement morte par son ennui mais tout aussi bruyante par ses vies grouillantes bien que mollassonnes. Et que dire de ce dernier plan baigné dans une musique rock (punk ?) qui vous laisse le sourire au coin ? Sans doute beaucoup mais on préfère se taire et apprécier.
Photos de la séance en présence du réalisateur au Reflet Medicis, Paris 5
(Li Hongqi est à gauche de la scène) :
I.D.
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