Quand les assureurs ne sont plus intéressés par le risque :
Autre problème auquel on pense fort peu, mais qui est vraisemblablement amené à revenir à un moment ou à un autre sur le devant de la scène : Certaines branches de l’assurance sont beaucoup moins rentables que d’autres, et il est des risques que les assureurs ne souhaitent pas forcément assumer. Le problème se pose avec acuité quand un risque jusqu’ici pris en charge par l’Etat ou la collectivité (L’assurance maladie par exemple) cesse de l’être pour tout ou partie. Ainsi selon l’auteur de l’étude, il devient difficile d’envisager un « transfert – même partiel – vers le privé de certaines formes de couverture sociale » [...] « alors que l’impression générale est bien que les assureurs ne veulent plus assumer que « le connu, le rentable et le peu risqué » ». Une formulation ambigüe certes, et qui reflète bien une des tendances lourdes de l’assurance : qui est beaucoup plus intéressée par l’assurance vie et ses délices, que par la couverture santé et ses incertitudes, ou l’assurance auto et sa faible rentabilité…
L’auteur poursuit dans la même veine : Pour lui « les difficultés que traverse le secteur ont suscité des prises de conscience et vont conduire durablement à un retour à des valeurs fondamentales, comme l’austérité technique dans la sélection et la tarification des risques, la redécouverte des vertus de la prévention et la réduction de l’aléa moral dans la relation avec les assurés. C’est bien sûr un point de vue d’assureurs : Concrètement cela veut dire que soit l’on est plus sélectif quand au choix des risques pris en charges (à l’image de ce qui se passe par exemple au Royaume-uni avec l’assurance santé, ou les personnes atteintes de maladies chroniques ont parfois du mal à trouver une couverture à un tarif abordable), soit l’on fait payer ce risque, et parfois fort cher… Ce qui renforce les inégalités sociales…
Autre question plus légitime selon moi sur la question du risque assurable, celle des risques majeurs : Pour l’auteur le marché de l’assurance/réassurance se trouverait aujourd’hui confronté à une « véritable crise de légitimité » du fait de l’ampleur et de la fréquence de certains risques majeurs (catastrophes naturelles, terrorisme, risques de développement…) qui ne peuvent tout simplement plus relever « de la seule sphère de la couverture privée car les acteurs eux-mêmes ont exprimé leur incapacité à les assumer ». Bref, une lecture fort instructive à condition de savoir lire entre les lignes…
http://www.ffsa.fr/webffsa/risques.nsf/b724c3eb326a8defc12572290050915b/e19033c6ae2e6627c125723a0037bf43/$FILE/Risques_064_0027.htm