IMPROVISATION - ERRANCE.
COURT
l'enfance / plus limpide /
que toutes les / élégies de l'innocence /
et pourtant tu es de l'errance, il y a là-bas toutes les velléités du sens mais tu n'arrives pas à croire, cesser ainsi le pèlerinage de la nuit à la nuit, cesser ainsi l’incessant désir, toujours chercher, chercher, est-ce qu'un jour quelqu'un saura rapiécer la blessure, est-ce qu'un jour le crissement du temps cessera, est-ce qu'il il fera bleu sous la coupole de tes cauchemars, chercher toujours et parfois les mots, et parfois la fascination des larmes, les vindictes de la faim, et parfois les mots, il faut flamboyer tous les territoires, il faut abolir les verbiages des crépuscules, il faut entreprendre d'ensemencer les ossatures de vos songes et les mots déferlent et ils viennent de partout, de nulle part, les mots nous disent sans doute le surhumain ou le dénuement mais qu’importe, il y a là-bas me dis tu le lieu du doute aboli, l'incendiaire certitude, il y a là-bas les transes de ceux qui savent, il y là-bas tant de choses, viens, me dis-tu, viens, il suffit d'obéir, d’effacer toutes les traces de l'être, de diluer le cœur noué de l'errance, il suffit de peu mais il est les mots et je suis des mots et les mots, les mots reviennent, tant de fulgures dans l'entre-deux de tes mains, tant de vertiges qui divulguent le non-dit, tant de paroles qui dérivent lors de la cérémonie des vœux, tant de choses que les mots désarticulent et là-bas dans les précipices le gravât de nos laideurs et là-bas les caresses de la pierre saccagée et là-bas le défouloir de toutes les musiques et les mots viennent, reviennent, ils engendrent des paysages lavés de trop de couleurs, ils engendrent tant de rythmes que tu ne sais quoi en faire, ils engendrent tant de vanité que ton corps est désormais esquif et tu me dis de venir, que cesse l'errance, que commencent les préalables de la soumission, que commencent les symphonies la quiétude, as-tu vu là-bas parfois ces nuages qui déversent des gouttes d'ombre, as-tu vu là-bas l'apocalypse désenchantée mais il faut parfaire les mots, les sculpter, les tirailler, qu’ils cessent d'obéir aux sermons de la folie, les enchainer à la l’embouchure d’un cyclone, il faut les dompter pour qu'ils annoncent les grandes permissions de la beauté et les mots sont de ce lieu, les mots archivent la rage des dogmes et les agencements de l’absence et je suis ici, de l’errance, des écartèlements et les mots, les mots, encore les mots et dans le ravin bleu scintillent des pelures de flammes et les mers brassent la lumière tamisée et encore et encore, tant de mots, trop de mots, je suis de l’errance, demeurer à la lisière du sens et au cœur des mots, des mots, va-t’en, va-t’en, va-t’en.