Back World, T3 : Niveau 3 - Eric Corbeyran & Lucien Rollin

Par Belzaran

Titre : Back World, T3 : Niveau 3
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Lucien Rollin
Parution : Septembre 2009

Eric Corbeyran est un scénariste particulièrement productif. Il ne s’écoule pas un mois sans qu’un album né de sa plume n’apparaisse dans les bacs. Cette grande productivité pourrait laisser craindre une qualité médiocre des opus rédigés. Ce n’est pas le cas. C’est une des raisons pour laquelle il s’agit d’un de mes auteurs préférés de bandes dessinées. Je possède bon nombre de ses séries dans ma bibliothèque. « Le chant des stryges », « Le régulateur », « Uchronies » ou encore « Le maitre de jeu » sont des sagas qui garnissent mes étagères. L’album dont je vais vous parler aujourd’hui était le dernier tome d’une trilogie nommée « Back World ». « Niveau 3 » est édité chez Glénat dans un format classique. Il est paru en septembre dernier et est vendu au prix de treize euros. Corbeyran s’est associé à Lucien Rollin pour les dessins. Il me semble que c’est leur unique collaboration. Ce dessinateur m’était jusqu’alors inconnu.

« Back World » est une trilogie qui prend donc fin dans cet opus. Sans trop rentrer dans les détails, l’histoire est construite autour d’un jeu vidéo intitulé « Back World ». Ce jeu a optimisé au maximum la notion d’univers virtuel. Une fois les lunettes portées, le joueur se trouve immerger dans un monde dans lequel les sensations sont réelles, les contacts sont charnels, les rencontres vraies. Le créateur du jeu a réussi une réelle réalité virtuelle. Le succès du jeu est évident. Le problème se pose quand certains joueurs sont retrouvés morts devant leur ordinateur alors qu’il était dans leur nouveau monde. Terry Hackman est un hacker embauché par la boite concurrente pour découvrir le secret de « Back World ». Sa quête devient personnelle quand deux des victimes du jeu s’avèrent être le frère de sa copine et son meilleur ami…

La thématique de la série est d’actualité. En effet, bon nombre de personnes sont en train de se créer une vie parallèle et intense devant leur ordinateur que ce soit à travers les réseaux sociaux ou le jeu. Quelque part, « Back World » pousse le concept à l’extrême en faisant en sorte que les joueurs aient du mal à distinguer leurs deux réalités. Le premier opus nous avait présenté les grandes lignes de la trame. On découvrait le jeu, les personnages. On devinait que certaines choses n’étaient pas claires. Ma curiosité avait été aiguisée. Le deuxième tome voit la trame s’accélérer. Le rythme de la quête prend des détours, intensifie son rythme. La fin génère une réelle attente de la suite.

Les deux premières parties de la trilogie étaient réussies. Il s’agissait de ne pas rater le dénouement. J’ai toujours une appréhension quant à la fin d’une série de bandes dessinées, d’un roman ou d’un film. J’ai toujours l’angoisse d’être frustré soit parce qu’elle est décevante soit parce qu’elle trop extravagante et donc peu crédible. Généralement Corbeyran sait bien conclure. J’espérais donc que c’était ici le cas. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais cet album a répondu à mes attentes. Je le trouve réussi. La narration est bien dosée. Les explications ne sont pas débitées sous forme d’un long discours justifiant des retournements de situation abracadabrants. C’était d’autant plus difficile que la thématique du virtuel qui influe sur la réalité a souvent tendance à perdre les lecteurs. Ce n’est ici pas le cas.

Au-delà de la thématique que je trouve intéressante et de la quête de vérité qui attise notre curiosité, une partie du plaisir réside aussi dans notre empathie pour le personnage principal. Bien qu’il soit un hacker, il nous est plutôt sympathique. On a tendance à le suivre avec plaisir dans son aventure. On espère qu’il ne se fasse pas attraper, on lui souhaite de recoller les morceaux avec sa copine. Bref, on se plonge assez bien dans l’histoire à travers ses aventures. Cela accentue notre plaisir à découvrir la trame.

Côté dessin, je découvrais le style de Lucien Rollin. J’ai trouvé son dessin relativement simple. Il a tendance à privilégier les personnages par rapport aux décors et aux ambiances. Cela fait que le dessin accompagne plutôt bien la narration mais a du mal à lui donner davantage d’ampleur. Je me dis que les dessins auraient pu intensifier l’atmosphère oppressante de certaines poursuites dans le monde de « Back World ». Malgré tout, la lecture reste très agréable.

Au final, je n’ai pas été déçu par ce « Niveau 3 » qui est dans la continuité des précédents opus. Le thème est bien traité. Ce n’est pas toujours le cas concernant les séries touchant au monde virtuel. « Back World » ne révolutionne pas genre et ne marquera pas l’histoire du neuvième art. Néanmoins, la lecture est agréable et les pages se découvrent avec plaisir et curiosité. Je ne regrette vraiment pas de la posséder et je pense que je la redécouvrirai régulièrement avec joie. Il ne me reste donc plus qu’à vous inciter à découvrir cette série ou toute autre issue de l’univers d’Eric Corbeyran… 

par Eric the Tiger

Note : 12/20