Ce titre vous émoustille ? Vous serez déçus. Vous n’attendiez pas que je m’étende sur les mérites comparés de la brouette et de la balançoire, du missionnaire et de l’amazone, de la Lanterne et de l’Elysée ! D’ailleurs, rien de nouveau, ni dans les positions ni dans les résidences. Car là, rue du Faubourg Saint-Honoré, au lieu-dit du « marais des Gourdes » (sic), fut élevée sous la Régence une bâtisse qui préféra plus d’une fois les pétroleuses aux tantes Yvonne. Madame Poisson, marquisement empompadourée par son Louis, y folâtra de mille manières et fit même, dit-on, monter en son boudoir des ovins du parc. Puis ce sont les Hovyn -si !- qui lancèrent dans ces murs une maison de jeux et des bals populaires. Tripot, dancing, hôtel, repaire de coup d’Etat (pour Louis Napoléon), il en a vu, ce palais ! Derrière la grille du coq, laissons donc l’emplumé du jour cocoquiner comme ça lui chante au son de la guitare et de la vie brève. « A-t-il encore sa connaissance ? demandait-on d’un Président qui expirait là dans les travaux de Vénus. –Non, non, elle vient de sortir par l’escalier de service. »
On peut feindre, comme Volpone, la position du mort. On peut, comme Bayrou, refuser de prendre position et laisser la belle sur le trottoir. On peut camper sur ses positions, comme Arlette, en stimulant le « travailleur » quand il n’y a plus que du petit-bourgeois. A gauche, à droite, debout , couché, en avant, en arrière : c’est fou le nombre des positions dans le kamasoutra du pouvoir ! Au reste, changer de position évite l’ankylose et n’indigne que les petites natures : demandez à Kouchner ou Morin.
Les hommes debout sont d’étroites armoires propres à cacher les amants de vaudeville. Les hommes de boue, étendus bénins en thalasso, se redressent nocifs dans les cabinets, et leurs hauteurs d’éminences grises parfois se courbent, nauséabondes, autour des urnes.
C’est drôle comme ces temps-ci les hommes de droite portent à gauche, les hommes de gauche penchent à droite ! A Paris, on a même un maire dont le penchant nous incline par principe à la tolérance. Quant aux hommes de droit -juges, avocats- ils ne sont jamais assez nombreux dans une société de la défiance où le médecin tremble pour ses diagnostics, le professeur pour ses zéros et le père pour ses jours de visite. Mais surtout ne jamais oublier les droits de l’homme, tous éminemment vénérables, jusqu’à ceux de dormir debout, prier tordu et jouir saignant, si c’est en accord avec votre nature ou votre culture. L’essentiel est pour tout homme de faire attendre en soi l’allongé, chaque décennie plus tardif grâce moins à Dieu qu’aux progrès de la science.
« Homme » vaut ici bien sûr pour les deux sexes, même si les femmes modernes ont plusieurs exigences spécifiques. On voit par exemple qu’à la suite de Simone de Beauvoir, dont « le deuxième sexe » était moins « rangé » qu’on ne l’a cru, ces dames veulent désormais se pousser sans coucher, coucher sans concevoir, concevoir sans pouponner. Le pays s’honore surtout d’ « une femme debout », et le prénom de Ségolène la rend encore plus étonnante. « Je suis une femme debout ! » clame-t-elle à tous les micros, d’un air vaguement aguicheur qui, à la cinquantaine, fait dresser au moins l’oreille. Est-ce une position tenable à long terme ? On est prévenu : cette femme ne se couchera pas. On espère qu’elle s’arrange pour dormir. A-t-elle seulement, quoique Royal, les moyens d’une literie décente ? Ou bien sent-elle, dans les yeux des mâles à la rose, que si elle se pose un instant, elle ne se relèvera pas indemne ? « Montebourg » est un patronyme qui fait réfléchir !!! Allons, courage ! « La Grille du coq » souhaite à la Vaillante des Deux-Sèvres de rester longtemps debout sans varices, et au Vigoureux de l’Elysée de continuer à bousculer Marianne, pourvu que ce soit sans vider nos bourses.