L'Amour, roman

Par Heloize

Dans le petit paquet de livres prêtés par ma belle-mère (voir le post de mercredi), se trouvait un autre ouvrage de Camille Laurens, publié juste après Dans ces bras-là, qui s'intitule L'Amour, roman.
4e de couverture : D'où vient l'amour en nous? Comment se construit cette forme particulière et unique, si différente chez chacun d'entre nous que souvent nous ne la comprenons pas chez l'autre : l'amour? Le passé la crée peu à peu, tissage de récits déformés, de fables inventées, de mythes personnels, histoires de famille : nous héritons l'amour comme on nous lègue un meuble. Et puis les livres, ce qu'ils nous ont appris de la passion, de la souffrance, du plaisir - pages bâtissant des sentiments, des sensations, un monde, éternel roman du coeur entre illusion et vérité, corps et âme. L'amour, c'est des mots.
On pourra noter d'emblée que l'amour s'écrit ici avec un grand A, comme un sentiment noble et unique. Il se vit en revanche en pluralité de situations et reste très difficile à définir, à circonscrire. A travers les différents amours de la famille, de l'arrière-grand-mère Sophie en passant par la grand-mère Marcelle, la mère Simone et bien sûr Camille, l'auteure décortique les ressorts de l'amour, entre mari et femme, entre amants, mais aussi entre membres d'une même famille. Camille Laurens nous parle de cette variété de sentiments, ainsi que du sexe bien entendu, et parfois de manière crue, mais toujours avec la même question en filigrane :"est-ce que c'est ça l'amour?"
Ce roman là ne semble d'ailleurs pas être un roman, mais plutôt le récit initiatique de l'auteur dans les méandres d'un sentiment (ou d'une sensation) qu'on a tous bien des difficultés à appréhender. Au final, définir l'amour et sa constitution est une entreprise vaine. L'amour en lui-même n'existe pas. Il n'existe que des conceptions de l'amour, aussi nombreuses et obscures que les individus qui les véhiculent.
En outre, ce livre est le pendant du précédent, Dans ces bras-là, des prolongements et des retours sur ce dernier sont d'ailleurs assez fréquents. Décortiquer le rapport à l'homme, objectif de Dans ces bras-là, c'est évidemment décortiquer l'amour, sous toutes ses formes. Par ailleurs, l'auteure semble s'appuyer sur sa propre existence et celle de ses proches. Jusqu'à quel point, cela est difficile à dire, mais au vu du caractère intime de la réflexion et des évènements relatés, j'ai parfois éprouvé quelques malaises face au récit. La fiction est évidemment toujours inspirée de la réalité, à plus ou moins grande échelle, dans certains de ses aspects, l'histoire, le cadre, les évènements, les traits de caractère des personnages ; mais jusqu'à quel point est-il possible de se livrer (ainsi que ses proches par la même occasion) sans que le lecteur ait cette désagréable impression d'être, en quelque sorte, en position de voyeur?
Par rapport à l'ouvrage précédent, j'ai moins accroché au récit même si j'ai trouvé le propos intéressant. La forme du récit est moins originale et se perd parfois en digressions même si l'auteure revient finalement toujours à ce qui la préoccupe. Au final, je reste sur un sentiment mitigé. J'ai apprécié la lecture de cet ouvrage notamment grâce à l'écriture, toujours très prenante, de Camille Laurens. Mais, je ne saurais pas dire si j'ai vraiment aimé ce livre malgré l'intérêt que j'y ai trouvé.