S'indigner, et après ?

Publié le 25 février 2011 par Laurence Roux-Fouillet

La sophrologue que je suis s'est penchée avec intérêt sur un (gros) phénomène de librairie, l'opuscule "Indignez vous !" de Stéphane Hessel. On a déjà certainement tout dit sur l'auteur de ce texte, militant, résistant, déporté, puis participant à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme en 1948.
Un parcours sans faute qui en fait aujourd'hui un homme aussi respectable que respecté. Sa parole qui s'élève à l'aube d'un siècle qui ne l'a pas vu naître résonne dans l'espoir de nous réveiller. Il place l'indignation comme une réaction indispensable face à l'inacceptable et à l'intolérable. C'est ce refus qui motive les premiers Français de Londres, devant la montée du nazisme et la mise à genoux de l'Europe.
Je ne m'étendrai pas sur les motifs d'indignation que cet ouvrage suggère (et qui ont, depuis, soulevés de nombreuses polémiques), mais plutôt sur le sentiment en lui-même.
L'indignation appartient incontestablement au registre de la colère, une de nos émotions fondamentales. La colère survient quand quelque chose ou quelqu'un a franchi les limites de ce que nous pouvons tolérer. Nous avons conscience d'une atteinte, qui affecte notre environnement, nos biens, nos proches, nos valeurs ou nous-mêmes. On peut dire de l'indignation que c'est une prise de conscience, un sursaut dans la colère.
Mais l'indignation peut-elle suffire ? Seule, elle risque de s'éterniser en une longue récrimination, fréquente chez ceux qui trouvent toujours un motif extérieur pour exercer leur colère. Stéphane Hessel note qu'elle peut mener à l'exaspération, voire à la violence (il oppose d'ailleurs ex-aspérer à es-pérer).
L'indignation est vaine, si elle n'est pas suivie d'action. Une mise en action qui passe forcément par un engagement, une implication.
Alors seulement la colère peut s'avérer positive. Car de l'indignation naît une élaboration, une construction. Comme toute émotion, en nous mettant en mouvement, elle participe à notre transformation, pour peu que nous prenions le temps de comprendre le message - ou parfois simplement d'en "accuser réception".
Stéphane Hessel en est un bon exemple. De son indignation est né un processus de pacification.
L'indignation peut donc produire de l'acceptation, de la douceur, de la paix ou de l'espoir.
Indignez-vous !, Indigène Editions, 3 €