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Clear Winner

Publié le 25 février 2011 par Toulouseweb
Clear WinnerKC-X : le Pentagone a (évidemment) choisi Boeing.
Ce troisičme épisode devrait ętre le dernier : aprčs deux faux départs, le Pentagone a choisi le Boeing KC-767A, rebaptisé KC-46A, pour succéder aux KC-135R de l’USAF. La premičre phase de cet engagement de 35 milliards de dollars environ, limitée ŕ 3,5 milliards, porte sur la livraison d’un premier lot de 18 avions dans les 6 ans. A terme, 179 exemplaires sont prévus, peut-ętre 450 ŕ long terme.
Le concurrent européen KC-330, version militarisée de l’Airbus A330, n’a pas obtenu les suffrages des militaires américains une troisičme fois mais n’en remplissait pas moins tous les critčres requis, ŕ commencer par des exigences Ťobligatoiresť, une liste de 372 points précis portant sur les caractéristiques techniques et opérationnelles de l’avion. Sur ce plan–lŕ tout au moins, Boeing et EADS/Airbus étaient ŕ égalité.
L’épilogue du dossier KC-X, en admettant qu’il ne connaisse pas de nouveaux rebondissements (par exemple une décision d’aller en appel d’EADS), ne constitue pas une surprise. Si cela avait été possible, sans doute la décision aurait-elle été prise par une hypothétique cellule d’aide psychologique du Pentagone : toutes autres considérations mises ŕ part, les militaires se devaient d’acheter américain et de retenir par la męme occasion le moins cher des deux concurrents. Et, quoi que l’on ait pu dire, lire et écrire au fil de ces derniers mois, tout le reste n’était que littérature.
De plus, l’image et la crédibilité des Européens était plus que jamais écornées, ces derniers temps : double jugement de Salomon de l’Organisation mondiale du commerce sur les aides étatiques, attaques virulentes en marge d’accusations de subventions, pire, rumeurs véhiculées par l’extręme droite américaine, celle de Fox News et du Washington Times, ŕ propos de maničres de faire peu orthodoxes attribuées aux Européens, y compris de supposés pots-de-vin. Le patriotisme économique a fait le reste, soutenu trčs logiquement par un puissant lobby pro-Boeing, au demeurant de bonne guerre.
La décision du Pentagone (qu’il était possible de suivre en direct sur le site Internet du Pentagone) a été annoncée de maničre morne, les intervenants donnant une impression curieuse de profil bas. Robert Gates, secrétaire d’Etat ŕ la Défense ne s’est pas montré, son adjoint William Lynn n’a gučre parlé. De toute maničre, l’essentiel tenait en quelques mots : Boeing a été qualifié ŕ deux reprises de Ťclear winnerť, autrement dit de vainqueur incontestable, cela dans le cadre d’une compétition Ťfair, open and transparentť mettant face-ŕ-face deux entreprises dite de classe mondiale. Ce qui sous-entend que les intéręts des contribuables américains sont été scrupuleusement respectés.
Les réactions de la premičre heure sont convenues. Les premiers politiques ŕ s’exprimer ont été les élus de l’Etat de Washington, prompts ŕ exprimer leur satisfaction. On n’ose d’ailleurs pas imaginer quels auraient été leurs propos si le Ťconcurrent subventionné européenť l’avait emporté. Jim McNerney, PDG de Boeing, cité dans un long communiqué de circonstance du vainqueur, s’est dit ni plus ni moins Ťhonoréť de ce choix tandis qu’un vent de colčre soufflait sur l’Alabama, lŕ oů aurait été installée la chaîne d’assemblage final du KC-330. Le président de la chambre de commerce et d’industrie de Mobile a estimé que le choix de Boeing constituait Ťune erreur monumentaleť.
Reste ŕ savoir si EADS tentera un baroud d’honneur en faisant appel de la décision du Pentagone. On pourrait comprendre une telle réaction tout en la considérant comme une erreur. Tout retour en arričre n’est sans doute pas envisageable et, de toute maničre, l’avenir du tandem EADS/Airbus n’est en rien assombri par cet échec. Lequel n’en est pas tout ŕ fait un : pour qui pouvait encore en douter, aujourd’hui, les Européens jouent bel et bien dans la cour des grands. Mais il ne fallait pour autant espérer l’impossible.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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