Le livre « The Forever War » du reporter américain Dexter Filkins s’ouvre sur une scène effroyable. Convié par ses hôtes à un événement qui se déroule dans le stade municipal de Kaboul, le journaliste assiste à la mutilation d’un pickpocket suivie par l’exécution publique d’un criminel.
Nous sommes en 1998 sous le règne des talibans.
Quand il retourne en Afghanistan quelques années plus tard, les forces internationales sont sur place, Kaboul ne semble pas être totalement apaisé mais quand il se rend au stade municipal, les bourreaux ont laissé la place à des jeunes en pleine partie de football.
Ces deux scènes nous rappellent que, même si la situation afghane est loin d’être idyllique, nous revenons de très loin.
Confrontés à une instabilité chronique depuis des années les Afghans ont appris – par instinct de survie - à faire le dos rond et à suivre le pouvoir en place. La résistance des talibans ne leur permets pas, aujourd’hui, d’adhérer au projet de la coalition car ils ne se font guère d’illusion sur le sort réservé aux « collaborateurs » en cas de retour des extrémistes au pouvoir.
Dans ce contexte les forces internationales doivent plus que jamais être présentes, et ce, jusqu’à l’avènement d’une conscience autonome en Afghanistan.
La tâche sera très longue et il ne faut surtout pas laisser le taux de participation aux prochaines élections présidentielles déstabiliser une coalition déjà fragilisée par les tergiversations allemandes et britanniques. Pour les Afghans qui braveront les menaces pour aller voter et plus généralement pour sortir ce pays de l’abîme, nous devons réaffirmer notre engagement et mettre en place une feuille de route ambitieuse pour permettre à l’Afghanistan de se construire.