La meilleure défense, c’est l’attaque. Depuis quelques semaines, le gouvernement semble avoir adopté cette stratégie. Après avoir exilé Eric Woerth à Chamonix pour ne plus laisser cette plaie béante à la portée des offensives (timides) de l’opposition et (beaucoup plus agressives) des médias, l’équipe Sarkozy est repartie à l’attaque.
Si le président a balisé la voie lors de son allocution grenobloise, c’est Brice Hortefeux qui, galvanisé, embraye de façon incontrôlable.
Sans même revenir sur sa récente condamnation pour injure raciale, il est très gênant d’entendre un ministre prendre position de façon précipitée et violente sur des sujets fondamentaux.
« Lorsque j’entends des responsables politiques défendre la dépénalisation du cannabis et l’implantation des salles de shoot, je me demande : jusqu’où ira-t-on dans l’irresponsabilité ? » s’interrogeait le ministre au début du mois de juillet. La question des « salles de shoot » n’a rien d’évident. Les points positifs observés des les pays où ces salles ont été expérimentées (suivi des usagés, hygiène des injections, chute de la mortalité…) doivent être mis en rapport avec problèmes qui y ont émergé (augmentation de la consommation, risque d’initiation, présence de dealers à proximité des centres…) avant toute prise de décision. Décréter de façon préventive que débattre de l’opportunité d’une telle politique relève de l’ « irresponsabilité » montre une fermeture d’esprit et un empirisme peu appropriés à la fonction de ministre de l'intérieur dont l'une des missions est de « Protéger la population contre les risques ou fléaux de toute nature ».
Dans un autre registre, le ministre n’hésite pas à qualifier de « présumé coupable » un mis en examens. Faute de langage ? Interrogé sur ses propos, il persiste : « Mon opinion est faite ».
Brice Hortefeux caractérise, ainsi, la fuite en avant d'une équipe gouvernementale qui exhibe des certitudes basées sur des idéologies contestables en tentant d'en faire un nouveau socle identitaire pour des électeurs désemparés.