… cette marche turque, notre autocrate l’a ratée. Magistralement. Au moment même où son amie Mam nie toute responsabilité dans la débâcle diplomatique de la France, et que le côté obscur de la force ne trouve rien de mieux à opposer aux arguments fortement fondés du groupe Marly qu’une sorte de fake caricatural distribué en son et lumière avec paillettes par une chaîne de télévision quelque peu bling bling, Monsieur Sarkozy vient de se brouiller avec la Turquie, après le Mexique…
Les turcs n’apprécient pas vraiment en effet qu’il leur consacre si peu de temps et refuse de traiter autre chose que les affaires du G20, bottant en touche tout ce qui concerne l’entrée de la Turquie dans l’union européenne, alors que les relations entre nos deux pays étaient déjà pour le moins tendues… et n’avaient donc pas besoin de cette attitude méprisante, voire hostile : N. Sarkozy n’a en effet jamais caché sa position à ce sujet, qui semble davantage motivée par des raisons idéologiques et des considérations stratégiques intérieures envers un électorat xénophobe et nationaliste primaire (qui ne représente pourtant à mes yeux qu’une frange radicale et minoritaire de la population) que par un réel pragmatisme et savoir-faire des relations internationales, dont il est manifestement dépourvu. Sinon, il prendrait en compte l’une des seules motivations qui semblent intéresser ce genre d’individus : le taux de croissance économique de la Turquie, particulièrement favorable malgré le contexte auquel notre propre pays est soumis lui aussi…
Ce ne serait pas si grave s’il pouvait s’appuyer sur un Villepin ou autre, mais tel n’est manifestement pas le cas… avec une Ministre des affaires étrangères qui accumulent les boulettes de la bouche même d’Alain Juppé, pourtant son collègue au gouvernement.
Et après, on va dire que nous sommes, à gauche, de mauvaises langues… Mais les faits sont tenaces. Et les turcs, à juste titre, n’apprécient guère les marches forcées. Qu’on leur rende grâce de n’être point un pays à la botte du (si petit) Nicolas, et de tenir à ce point, par delà les considérations matérielles, à lutter à leur manière, en temps que pays laïc, à l’islamisme radical par le biais d’une intégration européenne qui renforcerait leur identité occidentale, comme ils le souhaitent si fortement. On peut en débattre et ce n’est pas forcément mon avis, mais est-ce un si mauvais calcul ? Non pas, si l’actuel Président français avait davantage de sens tactique et n’était pas aussi incohérent sur le plan intellectuel, en faisant le contraire de ce qu’il énonce… Car même si on adopte son raisonnement (et je ne le ferai pas : il est très dangereux, et je le sais, de se mettre dans la tête d ‘un fou…), et que l’on souhaitait vraiment lutter contre l’islamisme extrémiste comme il le prétend, on utiliserait sciemment la Turquie comme un pilier de cette résistance. Mais notre petit Président n’a hélas pas cette intelligence tactique là… Et c’est tant pis. Mais qu’on ne me dise plus jamais que c’est un président courageux qui n’a pas peur des réformes… Ni de personne : il a une peurbleue des électeurs du FN, au point de céder en tous points sur leurs attentes supposées. Et puis c ‘est tout. .